Filpac-Cgt

COMITÉ GÉNÉRAL 28 et 29 mars 2018
Deux jours pour préparer l’avenir

1 juin 2018

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C’est à Rennes, les 28 et 29 mars derniers, que s’est tenu le comité général de la Filpac CGT. Un point à mi-mandat sur les luttes, les défis posés par l’actualité et les enjeux à venir.

-28 mars-

Obligation statutaire, le comité général est aussi un moment essentiel pour « faire le point sur l’activité syndicale menée entre deux congrès » selon Patrick Bauret, secrétaire général de la Filpac. Après « deux années émaillées de combats difficiles dans nos entreprises et de luttes au niveau national (…), les syndicats ont continué à se mobiliser pour défendre les salariés, leurs emplois et leurs conditions de travail ». Aussi, il est indispensable d’opérer un retour « sur certaines luttes symptomatiques où la Filpac s’est particulièrement illustrée », en soutenant notamment la lutte des salariés de MOP, Paris-Normandie, la Voix du Nord, groupe EBRA, Arjowiggins, Chapelle Darblay, Cyclocity, Adrexo, Emin Leydier, Hamelin, Ondulys… Une liste qui n’est pas exhaustive tant les coups pleuvent. Certes, Patrick Bauret se réjouit de toutes ces actions de « solidarité active », mais émet un regret : « Certains syndicats brillent par leur absence totale de participation à ces opérations pourtant importantes pour la cohésion de la Filpac ». La solidarité est « l’ADN du syndicat CGT ».

Rencontres au ministère de la Culture et au ministère de l’Economie, travail des délégations fédérales sur les conventions collectives de branche et leurs regroupements, assises des métiers de l’imprimerie et des métiers du livre organisées dans le cadre du FSE, travail engagé avec Uni et Industriall pour mettre en place un réseau syndical international, renforcement du pôle communication… Ces actions issues du travail quotidien de l’équipe fédérale ont pour seul objectif de répondre aux besoins des travailleurs de ses branches. Mais le comité général doit permettre de parler des réussites autant que des lacunes. Et au chapitre des lacunes, le grand chantier de la politique des cadres syndicaux et de leur formation reste à mettre en œuvre.

 


Réactions à l’actualité sociale

Hubert Strauel, du syndicat du Livre de Mulhouse, estime que « dans le contexte, l’unité est fondamentale ». Selon lui, dans les luttes des salariés du groupe EBRA, « la mobilisation n’a pas été à la hauteur de nos espérances, car il n’y a pas eu suffisamment de convergence et d’implication de tous les syndicats ». Une réflexion est à mener pour sortir des corporatismes verticaux et impliquer toutes les professions.

Denis Gravouil, secrétaire général de la fédération CGT du Spectacle, alerte quant à lui sur le projet de loi de réforme de l’assurance chômage, de la formation professionnelle et de l’apprentissage. « C’est une logique d’individualisation de la formation et de déresponsabilisation des employeurs ».

Jean-François Gabala, de la papeterie Chapelle Darblay, parle du 8 mars comme une occasion d’échanges qui a mis en évidence l’isolement des femmes, les violences et le harcèlement dont elles sont victimes.

Pascal Fiatte, du syndicat Est-Média CGT (Est Républicain), alerte : « A chaque départ ou fermeture de site, la crise est plus profonde dans la presse ». Mais il salue la fédération qui « ne fait pas à notre place, mais avec nous, ça fait longtemps qu’on ne nous a pas aidés comme ça ».

Didier Lourdez, secrétaire général du SGLCE, veut pour sa part valoriser la lutte exemplaire des travailleurs sans-papiers de France Routage, dont 36 ont adhéré à la CGT après leur régularisation.

Jean Jousseaume, de l’UFR de la Filpac, rappelle la forte mobilisation des retraités le 15 mars et interroge : « Comment prolonger notre mobilisation et converger avec les actifs ? ».

Guillaume Goutte, de la section des correcteurs du SGLCE, évoque les négociations dans la branche édition et le statut des travailleurs à domicile.

Jean-François Ropert, de la section des photograveurs du SGLCE, se moque : « Ce n’est pas la République qui est en marche, c’est le libéralisme ! ». Selon lui, la bataille des cheminots dépasse le cadre strict du rail : « Si on la perd, les attaques seront plus fortes ensuite sur les retraites ».

Dominique Besson-Milord, future secrétaire de l’UD 35, interroge : « Comment construit-on un rapport de force sur la base de revendications sur tous les sujets (services publics, éducation, rail, santé…) ? Comment faire le lien avec les enjeux nationaux ? ».

Menvin Vencatasamy, du syndicat CGT de Cyclocity, ajoute qu’il faut que le public et le privé travaillent tous ensemble.

Gérard Holezeimer, du syndicat du livre de Nancy, confirme : « Attention à ne pas se disperser ! Notre leitmotiv doit être : tous ensemble, toutes professions, public et privé ».

Jeannick Laderval, de l’USI CGT, insiste quant à lui sur l’importance de l’inter-fédéralisme.

Pascal Lefebvre, secrétaire de la Filpac, considère qu’il « faut revenir au syndicalisme du carreau cassé, c’est-à-dire à la revendication la plus proche ».

 


1ère table ronde :

Lutter pour gagner / Retour à l’entreprise / Convergence des luttes en territoires

Franck Sailliot, secrétaire de la Filpac, attaque : « La résistance des travailleurs fait peur aux patrons qui mettent en place un attirail répressif. Mais notre résistance est inflexible ». Plusieurs exemples concrets de mise en échec de la stratégie patronale grâce à la lutte des salariés et au soutien de la fédération existent.

Steve Beneteau, de Paris Normandie, le confirme en rappelant l’historique de la lutte pour sauver le titre et en précisant les contours du projet alternatif porté par certains salariés. Un projet de reprise en SCIP, très étayé, qui a été officiellement examiné par les juges du tribunal de commerce. Lesquels ont préféré « un groupe pesant 300 millions d’euros, reprenant le titre sans mettre un centime et obtenant des aides publiques : un scandale ».

Pour Jean-Marc Ducourtioux, du syndicat CGT de GM&S, « Une lutte peut ne pas être victorieuse, mais il faut lutter ».

Et Menvin Vencatasamy, du syndicat CGT de Cyclocity, est du même avis. « Sans lutte ni détermination, les salariés n’auraient rien eu ».

Pour Samantha Dumousseau, secrétaire générale de l’UD CGT des Charentes, « Une lutte est bien menée quand les structures (UL, UD, FD) sont au rendez-vous et quand le travail est croisé dès l’amont ».

Michaël Pinci, secrétaire du syndicat CGT MOP Vitrolles, fait un point sur les 18 mois de lutte contre Riccobono. « Grâce à la solidarité de la FD, de l’UD et des autres syndicats, on s’est serrés les coudes jusqu’au bout », raconte-t-il avant de pointer les divisions internes, inadmissibles, quand tant de coups pleuvent.

Olivier Le Berguier, après un retour sur les 1336 jours de lutte et la création de Scop-Ti, confirme : « On a gagné avec toutes les forces organisées de la CGT ».

Jean-Luc Choinet, d’ArjoWiggins, renchérit : « Le combat peut être long, mais il n’est pas perdu tant qu’on n’est pas au bout. Avec la solidarité CGT, c’est possible ».


2ème table ronde :

Inter-fédéralisme / Convergence des revendications

Pascal Lefebvre rappelle la nécessité d’avoir un travail transverse : « L’inter-fédéralisme devient une évidence ». Car les anciens corporatismes s’effacent au profit de grands champs industriels qui se concentrent en oligopoles planétaires. La transformation du travail et de l’organisation professionnelle détruit les acquis sociaux et les garanties collectives. « La portée syndicale aujourd’hui est insuffisante », estime-t-il.

Le développement industriel à l’heure du numérique fait l’objet d’une réflexion menée par la Filpac avec d’autres organisations. Noël Lechat, secrétaire général de la fédération CGT des sociétés d’études, parle des travailleurs du numérique, « seule branche disposant d’un solde positif de création d’emplois ». Outil d’émancipation sociale, le numérique est aussi un outil au service du néolibéralisme et de la mondialisation. « Ce n’est pas à jeter, mais à utiliser dans le sens d’un progrès social ». Pour cela, il faut travailler à de nouvelles régulations, analyser les métiers et les professions pour élaborer des revendications précises et faire en sorte d’éviter les destructions d’emplois. Un travail commun avec la Filpac a notamment permis d’élaborer une application CGT disponible en juin. Des MOOC (formations en ligne) vont également voir le jour.

Denis Gravouil, secrétaire général de la fédération CGT du Spectacle, confirme l’intérêt du travail interfédéral : « Avec la Filpac et le SNJ-CGT, cela fait longtemps que nous travaillons ensemble. Face à nous, il y a les GAFA qui s’organisent. La concentration à l’œuvre dans le spectacle, l’audiovisuel et la presse est le fait des mêmes marchands ».

Emmanuel Vire, secrétaire général du SNJ-CGT, va dans le même sens et salue le chemin parcouru depuis 2010 en termes de travail commun : « On a besoin de cette union et besoin de faire évoluer les structures de la CGT (…) On a aussi beaucoup de retard par rapport à ce que fait le patronat, mais on a pris les choses par le bon bout, je suis confiant ».

C’est en tant que secrétaire d’UD que Joao Pereira Afonso, secrétaire général de l’UD CGT du Rhône, est confronté à cette question : « Aujourd’hui, on ne doit plus se poser de questions. Il n’y a qu’une seule CGT, qu’il s’agisse d’organisations ou de territoires ». Mais il s’inquiète des divisions et de la concurrence entre structures : « On n’est plus aussi forts qu’avant, donc il faut y mettre un terme et faire preuve de complémentarité ».

Patrick Bauret rappelle que l’inter-fédéralisme « n’est pas un mariage, mais un travail commun, car la réalité, c’est qu’on est tous exploités de la même manière par les mêmes gens ».


 


-29 mars-

1ère table ronde :

La fédération, outil du développement syndical et des syndicats

Pour Nicolas Faucher, secrétaire de la Filpac, « Du nombre dépend le rapport de force, le poids dans la représentativité et la capacité à peser. Un syndicalisme de classe est forcément de masse, il doit coller à la réalité du monde du travail sans perdre ni ses valeurs, ni ses objectifs de transformation sociale ». Certes, il y a une perte globale de syndiqués, mais aussi la création de nouvelles bases. L’évolution des métiers, du salariat et de l’organisation du travail ne facilite pas la syndicalisation. Se développer, c’est prendre en compte l’ensemble du salariat, intérimaires, sous-traitants, indépendants, mais aussi les femmes qui représentent la moitié des effectifs des activités relevant des champs fédéraux. « Notre fédération a du retard » et a donc engagé un travail avec la commission femme-mixité de la CGT, mais « c’est un combat qui passe aussi par des évolutions de comportement et de fonctionnement dans notre fédération ». Diversité d’entreprises et de formes de contrats de travail, conditions d’accueil des syndiqués isolés, survie de certains syndicats locaux abandonnés, continuité syndicale… « Les défis sont nombreux ».

Vincent Gautheron, secrétaire de l’Ugict CGT, rappelle qu’en un an (2015), la CGT a perdu 14 000 FNI et baisse aux élections professionnelles. « Donc, comment on renforce ? Comment on déploie ? » lance-t-il. « Si l’on reste dans un syndicalisme corporatiste ou catégoriel, c’est la division assurée ». Les ICTAM, ce sont 11 millions de salariés qui constituent également un enjeu de syndicalisation.

Cependant, Catherine Tahai, du collectif Adrexo, rapporte que « les cadres sont en souffrance, mais difficiles à syndiquer ».

Alice Gorlier, du syndicat CGT d’Ondulys Saint-Quentin, n’y va pas par quatre chemins quand elle partage son expérience. « Pour moi, la CGT, c’est une évidence, il n’y a pas d’autre syndicat pour défendre un ouvrier ».

Jeannick Laderval (USI) raconte qu’ « on peut syndiquer les intérimaires, mais (que) c’est difficile car mes intérimaires sont dans vos entreprises », pour lui « l’inter-fédéralisme est une évidence ».

Serge Audonnet (UFR) insiste sur une continuité syndicale actifs-retraités capitale : « Comme dans toutes les structures de la CGT, nous rencontrons un problème d’érosion ».

Jean Jousseaume (UFR) souligne l’intérêt d’avoir des retraités dans les syndicats de retraités car les revendications y sont propres. Le lien entre actifs et retraités est qualifié d’important.


2ème table ronde :

La politique des cadres

Patrick Bauret parle d’avenir : « Il nous faut une vraie et efficiente politique des cadres syndicaux », la mise en place d’une formation et d’une réflexion sur le fonctionnement de notre organisation, « afin de pérenniser la Filpac et affronter les enjeux à venir ». Quatre pistes sont esquissées : améliorer le fonctionnement de la direction fédérale ; rajeunir et féminiser les instances ; formation syndicale comme élément structurant ; mise en place de référents régionaux pour donner corps à l’ambition d’un travail avec les structures de la CGT en territoire.

David Dugué, administrateur de la CGT, pense qu’ « avec la fragmentation et la dispersion du salariat, l’organisation doit être plus profilée ». Il reste deux ans pour s’améliorer, proposer le projet politique d’organisation et forger les outils. Selon lui, il faut « rajeunir et resserrer » le CEN tout en conservant une vraie représentativité des équilibres politiques des syndicats et l’ensemble des champs professionnels de la fédération.

Philippe Moitry, membre du bureau fédéral, déplore le manque d’investissement et de présence d’une partie des membres du CEN.

Julien Riccardi, membre du CEN, considère que « la formation est primordiale » et permet d’avoir des outils pour le combat idéologique. Les débats qui s’engagent attestent de ce besoin de formation des cadres et des militants, y compris de modules dédiés aux réformes en cours. La formation est unanimement acquise comme l’un des chantiers à mener dès maintenant.

Patrick Bauret conclut : « L’objet du comité général, c’est justement de faire le point sur ce qui marche ou pas, les lacunes, les améliorations à apporter et les débats à poursuivre ».

Après l’adoption d’une motion sur la loi Bichet et la cooptation des trois nouveaux membres au CEN, Marc Jarnoux, secrétaire du syndicat CGT Ouestmédias-com, clôt ce comité général en évoquant « une tradition historique de solidarité syndicale indéfectible », surtout en période de conflictualité sociale. De nombreux exemples de victoires concrètes redonnent confiance, « mais au-delà, on a besoin d’ouvrir des perspectives de transformation sociale du monde du travail, d’une large diffusion de nos repères revendicatifs, propositions et appels pour que les salariés s’en emparent ». Un travail de toutes les structures ensemble est de nature à renforcer l’organisation « à partir de plans de syndicalisation ciblés et de moyens mutualisés ». Les champs professionnels sont en recomposition, donc « la force du syndicalisme CGT est de s’adapter en gardant le cap de son objectif de transformation sociale ». Paraphrasant Georges Séguy, « Nous sommes peut-être à l’aune de mobilisations sociales majeures », Marc Jarnoux appelle au rassemblement le plus large possible pour le 19 avril.

 

 


 

 

Tous les dessins de RUST qui ont accompagné nos débats sont à télécharger ici !