Pôle économique de la CGT
Non, l’enrichissement des riches n’améliore pas la situation économique
26 octobre 2017
Les politiques du Président et son gouvernement profitent particulièrement aux riches et surtout aux plus fortunés d’entre eux, comme en atteste le projet de loi de Finances (budget) 2018 1.
Avant-même l’annonce de ce projet de loi, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avait évalué les effets du programme fiscal du nouveau président sur le quinquennat. Cette étude mettait en évidence que pratiquement la moitié des allègements fiscaux était destinée aux 10 % des plus fortunés de la population 2.
Une prospérité des riches associée à la pauvreté et à l’inégalité
Le programme économique du tandem Macron-Philippe est fondé sur la fameuse « théorie du ruissellement », en vertu de laquelle pour améliorer la situation économique, il faut d’abord soigner les riches. Le raisonnement est que la hausse des revenus des riches permet d’irriguer le reste de l’économie car ils vont investir dans la production, ce qui, à son tour, augmente l’activité économique et les revenus pour « tout le monde ».
Initiée par Reagan aux Etats-Unis d’Amérique, cette théorie n’a pas donné de résultats probants en termes économiques ; en revanche, elle a augmenté les inégalités 3.
Une étude récente du service des études économiques de Natixis vient de confirmer cette réalité.
Partant d’un proverbe chinois (« quand les gros maigrissent, les maigres meurent »), l’étude de Natixis porte sur 16 pays parmi les plus riches du monde (pays de l’OCDE), dont notamment les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, l’Espagne… Il s’agit d’examiner les liens entre la « prospérité des riches » et un certain nombre de facteurs comme le taux d’emploi et de chômage, les gains de productivité liés aux nouvelles technologies, le taux de croissance économique, l’effort de recherche-développement, le taux de pauvreté et les inégalités.
Infirmant le proverbe chinois, la conclusion de l’étude est sans appel : la « prospérité des riches » est seulement associée à une pauvreté et à des inégalités de revenu accrues, et à rien d’autre 4.
A la question : « Des riches prospères améliorent-ils la situation générale de l’économie (emploi, chômage, pauvreté, inégalités, croissance, progrès technique)?», l’étude apporte une réponse clairement négative : « La comparaison des pays de l’OCDE montre que la prospérité des riches (mesurée par la partie du revenu prise par le 1 % d’individus au revenu le plus élevé) est associée uniquement à une pauvreté accrue et à des inégalités plus fortes de revenu. »
Les ordonnances Macron et la hausse des inégalités
La conclusion de l’étude de Natixis corrobore celles d’une étude du Fonds monétaire international (FMI) publiée en 2015.
L’étude du FMI fait le constat de la dégradation des inégalités aussi bien dans les pays dits développés qu’émergeants, comme le confirme le graphique suivant. Elle attribue cette hausse des inégalités, entre autres, au « déclin de certaines instituions du marché du travail » 5.
Les ordonnances Macron qui affaiblissent les institutions de défense des droits des travailleurs risquent donc de conduire, entre autres, à une hausse des inégalités. D’où la nécessité de s’y opposer.
1 Voir “Budget 2018 cadeaux pour les plus riches et « gains de pouvoir d’achat » en trompe-l’œil pour les 1 autres “, note du Pôle économique de la Cgt, datée du 29/09/2017.
2 OFCE, « Evaluation du programme présidentiel pour le quinquennat 2017-2022 », Policy Brief, n° 25, juillet 2017.
3 Voir « Des choix franchement en faveur du capital », note du Pôle économique de la Cgt, datée du 3/9/2017.
4 « Quand les gros maigrissent, les maigres meurent », Natixis, Flash Economie, n° 1213, 17/10/2017. 2 5 FMI, Causes and Consequences of Income Inequality : A Global Perspective, Strategy, Policy, and Review Department, juin 2015.
5 FMI, Causes and Consequences of Income Inequality : A Global Perspective, Strategy, Policy, and Review Department, juin 2015.