Congrès du Silpac-Cgt 31

Contribution au débat du Congrès du 7 novembre 2017

4 octobre 2017

Partagez :
Partager sur Facebook
Partager sur Twitter

Structure solidaire professionnelle départementale et aussi collectif régional de cette filière industrielle, après 138 ans d’existence, en cette année 2017, doit-on laisser péricliter notre syndicat SILPAC-CGT 31 ?

Le paradoxe c’est de parler de l’avenir de notre structure syndicale, dans cette période où le Medef et son bras armé Macron, avec son gouvernement, veulent réaliser le plus grand hold-up sur nos conquêtes sociales.

Certes une structure ce n’est qu’un outil pour lequel les salariés décident de créer, de faire évoluer ou disparaitre s’il ne répond plus à être le fédérateur, le coordinateur, le lien solidaire pour permettre de faire évoluer leurs conditions de vie et de travail.

Or, par le fait de certains, qui ont décidé de travailler de façon différente et pour une autre orientation qui aurait, pour le moins, pu être débattue, le Silpac-Cgt 31 se retrouve à la croisée des chemins.

Le contexte est qu’un des principaux responsables, qui participait à l’animation, se mure dans un mutisme en rompant du jour au lendemain tout contact, malgré la fraternité et l’amitié qu’il avait avec beaucoup d’entre nous et, pour un autre, l’abandon de la gestion de la trésorerie (pour raison personnelle !!!) ce qui a eu pour effet de mettre en difficulté toute l’activité du syndicat des actifs.

Les faits tels que l’on peut les analyser.

Cela ne trompe personne que cette situation découle, du fait, que le syndicat Info’com (ex chambre syndicale typographique parisienne) et le SIPC (ex syndicat des rotativistes parisiens) manifestent leur désaccord avec leur fédération en décidant de ne plus admettre son rôle fédérateur et coordinateur des syndicats. Cela s’est matérialisé par la modification de leurs statuts en s’élargissant en syndicat national, en dépit des règles qui nous régissent, tout en confirmant leur rôle de ne rester qu’une structure catégorielle de métiers.

Sur Toulouse, les répercussions se sont traduites sur l’enjeu concernant l’avenir des différentes structures du secteur de l’impression des journaux quotidiens et des imprimés sur rotatives et leurs concentrations en ce qui concerne l’impression sur le sud de la France, envisagées par les éditeurs nationaux et régionaux, et le sous-traitant (Riccobono). Cette situation pose l’avenir du centre CIMP de Labège et la réduction importante de postes de travail sur le groupe La Dépêche.

Des choix ont été fait par des camarades de s’associer aux objectifs du SIPC pour mener la négociation, refusant de se placer sous l’égide fédérale.

Conséquence directe des désaccords entre syndicats, les camarades du centre d’impression de Vitrolles qui se retrouvent, seuls, face à la tentative de liquidation judiciaire, par Riccobono, de leur site ayant pour but de transférer les productions. Leur bataille pour mettre en échec cette casse se traduit par la lutte pour empêcher toute délocalisation réduisant les capacités de production par la concentration des unités de production.

Le patronat, manœuvrant en préférant jouer avec les plans dit « sociaux » et des apports financiers dans les départs volontaires. Cette tactique, socialement intéressante pour les salariés en âge de partir, lui évite les conflits ouverts, mais la conséquence est et a été une réduction inexorable des effectifs depuis plus de 20 ans. Les limites de ces solutions semblent avoir été atteintes par les patrons qui ne s’embarrassent plus et licencient.

Nous pouvons comprendre l’enjeu pour l’emploi de nos camarades de CIMP (laissés par le patronat dans une production quotidienne plus que réduite) et leur volonté pour certains de se placer sous la directive de ce SIPC parisien, au regard de ce qu’il leur promet en se voulant l’interlocuteur privilégié des éditeurs. Mais le pourra-t-il, face à un rapport de force de ce syndicat de métier catégoriel et local qui s’étiole par la perte énorme, depuis des décennies, des postes de travail et donc des syndiqués et qui tente de conserver le contrôle de l’emploi que le patronat lui dispute plus que jamais.

Les conséquences d’une telle politique syndicale entraînent une centralisation de la distribution avec, de fait, l’éloignement géographique qui recule globalement l’heure d’arrivée en kiosque et celle de la livraison des abonnés des quotidiens avec sa réaction en chaîne sur la baisse du lectorat papier qui est un des éléments important de la baisse des tirages.

Ne serait-il pas temps, pour eux, de réfléchir à cette situation et de construire un véritable avenir d’un statut social de notre secteur et du numérique mais qui ne pourra se faire que par le rassemblement des forces de toutes les catégories professionnelles nécessaires sur Paris.

Face aux éditeurs et ses sous-traitants le rapport de force, nécessaire, ne pourra être constitué qu’avec les salariés en amont et en aval du produit. Cette situation devient d’autant plus importante, au regard de l’actualité, concernant la remise à plat des conventions collectives et de notre bataille pour en créer une seule pour tout le secteur et qui vient en contradiction avec la volonté de nos adversaires de faire de l’accord d’entreprise, la primauté du droit social pur et de ne plus avoir de socles minimaux tel que nous l’avons conquis par le code du travail et les conventions collectives.

Les désaccords avec le SGLCEC de Paris (Syndicat Général du Livre Parisien) depuis des dizaines d’années, empêchant toute union, ne peut être synonyme d’avenir dans la situation politique et sociale actuelle.

Quant à Info’com, allié de circonstance du SIPC, qui se veut le poil à gratter des orientations confédérales et oublie que la base syndicale se construit avant tout au plus près du travailleur sur son lieu de travail et de sa localité. Je vois mal comment les syndiqués peuvent participer activement aux débats et décisions dans des réunions distants de plus de 700 km.

Il est l’instigateur du « Front Social » qui regroupe pêle-mêle des militants de syndicats CGT et de SUD, mais plus particulièrement des militants politiques, est créant une confusion des genres nuisible au mouvement syndical car il place le rôle du politique dans un curseur qui n’est pas le sien.

En effet la concordance des luttes politiques ne se fera jamais par la mainmise de l’un sur l’autre. Le temps politique n’est jamais le temps syndical, même s’ils doivent se compléter.

Les causes sont profondes du mal être actuel, qui prend naissance par la dispersion et précarisation du salariat.

La transformation de l’appareil productif français a contribué à faire disparaître le mouvement syndical et ouvrier qui avait cours pendant les trois quarts du XXe siècle. La présence d’une classe ouvrière industrielle groupée dans des usines aux dimensions géantes marquait son mode d’identification et d’apparition.

Ce qui a été détruit, ce n’est pas la classe ouvrière, mais les délocalisations industrielles et la fermeture des unités de production où elle se massait, pour le plus grand bien de la finance.

Le syndicalisme est confronté à une situation inédite car si le salariat n’a jamais été aussi nombreux, les signes collectifs d’appartenance à cet état social disparaissent à mesure que le chômage progresse, que croit la précarité, l’instabilité des entreprises et des contrats de travail.

Les rapports au contrat de travail et à l’entreprise ont été individualisés par un travail lent et patient du patronat (Macron veut en rajouter) dans la destruction des liens de solidarité noués au cœur du processus de production.

L’une des conséquences est la difficulté rampante de trouver une identification professionnelle à la syndicalisation. L’appartenance à une usine, un groupe salarié, à une catégorie sociale, donc à un syndicat, paraît pour les jeunes salariés aussi périmée que la trilogie : un métier, un syndicat, un emploi.

La méfiance des travailleurs à l’égard de l’embrigadement, de l’encartage, de la bureaucratie syndicale peut-elle être levée si le ressort d’adhésion de solidarité sur son lieu de travail n’est plus constitué ?

La tendance à l’institutionnalisation des instances représentatives du personnel, prenant le pas sur l’assise syndicale est la conséquence quasi mécanique du déficit d’assise sociale. Sa perte d’influence par des positions institutionnelles et se contentant des élections professionnelles ne peut qu’inquiéter. Ne sommes-nous pas en échec sur la pertinence et la périodicité des congrès dans les syndicats dont les syndiqués seraient déterminant dans les choix d’orientation et des choix démocratique de ces dirigeants ?

Ce qui contribuait à un équilibre social relatif est devenu caduc quand les échanges paritaires (du fait du libéralisme dominant) ont été réduits à une portion congrue et risque de le devenir encore plus avec la fusion des instances de représentation du personnel, voir la disparition de certaines d’entre elles comme le CHSCT.

Nous sommes tous frappés de plein fouet par la mondialisation et La globalisation du capital permet aux patrons d’attiser la concurrence entre salariés d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, mais aussi dans une même nation d’une entreprise à l’autre.

L’« Ubérisation » qui est prôné par le patronat nous fait mal et le risque c’est que personne ne soit épargné. La réussite, actuelle, de la mondialisation libérale permet, par la concurrence des salariés, “tous contre tous”, de faire décroître les grèves, expression du “tous ensemble”. La précarisation est la mise en pratique de cette stratégie.

L’action syndicale revendicative contestataire et propositionnelle reste, un acte collectif d’un groupe de salariés solidaires, tel que se doit d’être un véritable syndicat CGT, qui ne peut être un mouvement, mais une véritable organisation en privilégiant l’obligation d’adhésion pour faire en sorte que cela devienne une évidence.

Nos pratiques et les situations actuelles doit nous faire poser cette question.

Le secteur de l’information et de la Communication écrite est en pleine expansion et évolution technique constante, non en voie de disparition !

Sur notre région cette transformation a pris l’allure d’une grande casse des imprimeries qui industriellement n’ont pas su ou voulu évoluer et, qui économiquement, du fait de leur taille de petite entreprise, n’ont pu faire face aux investissements nécessaires. Ils ont laissé la place à de nouvelles structures qui se sont constituées avec de très petites sociétés par secteur professionnel d’activité, sans statuts sociaux et sans syndicat, gérée par une holding de communication multimédias, Un champ immense de reconstruction syndical doit se réaliser.

L’activité industrielle de la Communication tient une place centrale dans le pays, bien au-delà de l’importance de son salariat, qui rencontre de multiples changements dont les délocalisations. La filière papetière en fait partie intégrante et est même dopée par le multimédias. Malheureusement la filière bois- papier sur la région n’a pas su se réinventer et le secteur localement est dans une portion congrue, mais est déterminante pour deux de nos bassins d’emploi.

Cette activité est affectée par la globalisation des capitaux de son économie et la marche ultrarapide à la numérisation par un Etat qui met son intervention au service du marché. Presse, publicité, papier, industries graphiques, logistique de distribution et de diffusion de la communication écrite, autant de secteurs de cette activité industrielle et de services où la question majeure n’est pas la disparition, mais le bouleversement du modèle économique et les changements des procédés de fabrication.

Le problème posé au syndicalisme relève de la tentative de mise en concurrence des salariés, de re- sélectionner la main-d’œuvre en se débarrassant des collectifs solidaires et de leurs organisations syndicales.

De quoi parle-t-on quand les médias relaient le langage patronal du « marché du travail » ?

L’économie de marché s’applique sur le marché du travail tel que l’appelle le libéralisme avec sa notion « d’employabilité » qui entraîne des changements fondamentaux dans la remise en cause de nos revendications « à travail et qualification égale, rémunération égale ».

Cette notion de marché n’est pas une simple notion de communication mais participe à la non reconnaissance des qualifications et des baisses des rémunérations, jusqu’à nous amener à cette situation, pour un grand nombre, d’être « travailleurs pauvres », avec des retraités, pour un nombre de plus en plus important, en dessous du seuil de pauvreté

La fin du CDI qui nous est promis est de faire en sorte que la précarité soit la seule référence qui nous soit applicable et elle s’inscrit dans cette logique.

A contrario la rémunération du capital explose et les bénéfices du CAC 40 n’ont jamais autant rapporté (42 milliards pour 2016).

Faire accéder les salariés à un emploi stable, durable, qualifié, rémunérateur, sans passer à un moment ou un autre de leur vie professionnelle par la case chômage, en faisant fructifier les acquis, afin de les mettre au service de nouvelles conquêtes, c’est toute la bataille d’une Sécurité sociale professionnelle tout au long de sa vie active qui est posée.

La défense des pensions des retraités mis à mal par le plan Macron doit s’inscrire dans cette logique et ne peut que nous interroger sur leur syndicalisation, la structure et leurs actions les plus appropriées.

La question qui nous posée est comment elle devient la préoccupation permanente des actifs.

Obtenir pour les retraités des lieux de négociations devient une question majeure pour défendre sur le plan local et régional les revendications de l’amélioration des conditions de vie.

Dans la perspective des prochains congrès, le décor du débat syndical est planté, portant sur l’orientation et les actions à mener, avec quel fonctionnement et avec quels animateurs ?

Les quelques questions qui précèdent sont de faire que les salariés, collectivement, avec leur outil section ou syndical trouvent, immanquablement, les réponses.

Le livre, que le syndicat a publié, fin 2009, qui a modestement retracé cent trente années d’activités syndicales d’un syndicat toulousain et des syndicats sur la région, retrace les nombreuses situations difficiles qu’ils ont vécues. Il se voulait être la passerelle entre l’ancien qui est encore bien présent et le nouveau qui est déjà là, mais qui, au fil de la vie et des expériences, se doit de continuer de s’inventer et de s’écrire.

J’en suis particulièrement convaincu car la vie a horreur du vide.

J’en appelle à la responsabilité de chacun pour participer et faire participer au débat de congrès par un petit investissement pour relancer le syndicalisme du secteur au plan local et régional.

Je ne peux me résigner à un syndicalisme fractionné.

Je ne peux accepter des scissions au sein de la FILPAC-CGT que nos anciens ont refusées en procédant à un référendum auprès des syndiqués et en respectant le choix démocratique qui en était sorti.

J’en appelle au sursaut de tous.

Le SILPAC-CGT de Toulouse, était devenu structure d’accueil des syndiqués pour des petites entreprises et également le coordinateur des collectifs syndicaux sur le plan régional. Il se plaçait résolument dans le challenge de la construction d’un mouvement majoritaire qui ferait converger revendications et actions dans un grand rassemblement de tous les salariés (ouvriers, employés, ICTAM et journalistes) de la filière bois-papier/industries graphiques et des logistiques et de tous ceux qui sont liés au secteur de l’information et de la communication écrite à l’ère du numérique.

A-t-il encore un avenir si chacun tire de son côté et reste dans sa catégorie, son service, son atelier, son entreprise, son groupe ?

J’ose espérer qu’il y a plus de chose qui nous unis que de choses qui nous divisent face aux enjeux de cette reculade sociale qui nous est promise par le patronat et de son gouvernement. N’y-a-il pas urgence et nécessité ?

 

Jean-Pierre Combebiac, 
ancien secrétaire Général du Silpac-CGT 31
et Délégué Fédéral et Régional de la Filpac-CGT

Toulouse, le 15 septembre 2017