Filpac-Cgt

Intervention de Patrick Bauret, secrétaire général de la Filpac

24 avril 2018

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Interventions de Jean-Michel Quilfen, Secrétaire général du Syndicat du Livre de Rennes,
de Dominique Beson, Secrétaire de l’UD 35
et de Patrick Bauret, secrétaire général de la Filpac

 

Cher(e)s camarades

Tout d’abord je tiens à vous remercier de votre présence. Cette participation, nombreuse, de nos syndicats (et plus particulièrement des plus modestes) nous conforte dans l’action syndicale que nous menons au quotidien et nous rassure sur l’avenir de notre fédération.

Je tiens à remercier les camarades du syndicat Ouestmédias-Cgt pour le travail d’organisation qu’ils ont fourni afin que nos travaux se déroulent dans de parfaites conditions.

Je remercie aussi au nom de toute la Filpac nos invités qui ont tous répondu favorablement à notre invitation et qui nous font donc l’honneur de participer à nos travaux et débats.

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La tenue d’un comité général est bien sur une obligation statuaire de notre fédération mais c’est surtout un moment essentiel pour ses syndicats de faire le point sur l’activité syndicale menée entre deux congrès.

Ce travail d’analyse sur l’action menée par la direction fédérale durant ces derniers mois doit nous permettre, après ces deux jours de réflexions, de confirmer les orientations votées lors du 8ème congrès de la Filpac et de nous projeter vers les nouveaux défis que nous allons nous fixer et que devra porter le CEN jusqu’au prochain congrès.

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Depuis notre dernier congrès la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.

Pendant que la direction fédérale et les syndicats de la fédération devaient effectuer le travail de terrain indispensable et mener leur activité syndicale habituelle, ces deux années ont été émaillés de combats difficiles dans nos entreprises et de luttes au niveau national.

En effet, à peine remis des attaques du binôme Valls/Hollande, l’élection présidentielle nous a apporté un président et une majorité inédite à l’assemblée nationale mais tout aussi agressive envers le droit du travail et notre modèle social. Si cette nouvelle assemblée « En Marche » montre un visage et une composition inédite, sa politique, imposée par 49,3 et ordonnances, reste tout aussi libérale et intensifie encore la mise en concurrence des salariés et des citoyens à quelques niveaux que ce soit.

La dernière réforme du droit du travail, orchestrée parle le couple « Macron-Penicaud », n’est qu’une étape supplémentaire dans un mouvement qui a débuté il y a une quinzaine d’années en Allemagne avec les lois Hartz. Ce mouvement de dérèglementation du marché du travail, qui est venu se rajouter à la stratégie du chômage de masse, s’est répandu dans toute l’Europe pour toucher successivement l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France et la Belgique.

Au-delà du périmètre Européen, d’autres pays sont d’ailleurs confrontés à ces mêmes logiques de dérégulation du travail et de paupérisation des peuples. Le Brésil, l’Argentine, la Corée du Sud et même l’Inde s’enfoncent inexorablement dans cette crise économique mondiale devenue chronique où à peine 1% de la population accapare plus de 80% des richesses produites.

Derrière ces attaques répétées des pouvoirs successifs, la volonté est bien de priver les citoyens des moyens de lutter contre cette paupérisation orchestrée par le grand patronat et les multinationales à l’encontre des travailleurs, des privés d’emploi, des étudiants et des retraités.

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A cette accélération des mesures ultralibérales qui asservissent les peuples, l’avidité des pays développés et des oligarchies qui les gouvernent provoque des conflits et des guerres un peu partout en orient et sur le continent africain.

A tel endroit pour le pétrole ou le gaz, à tel autre pour les terres rares ou les métaux précieux, pour libérer des routes maritimes ou pour permettre le passage de gazoduc ; les guerres se multiplient dans tous les points du globe et précipitent des millions de femmes, d’hommes et d’enfants dans des camps de réfugiés ou aucun avenir n’est possible.

Ces conditions de vie impossibles, sans solution envisageable, poussent ces milliers de victimes à choisir l’exil et, quitte à mettre leur vie en danger, à venir chercher une vie meilleure en Europe. Le déplacement de ces peuples fuyant les conflits armés ou les régions du monde totalement détruits par les combats est d’ailleurs cyniquement utilisé par les pouvoirs en place pour alimenter encore le repli sur soi et nourri les partis fascistes qui se développent partout en Europe.

En Grèce, en Pologne, en Italie lors des dernières élection… Et en France, avec la présence nauséabonde de la famille Le Pen lors de toutes les élections nationales !

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Dans ce contexte de « racisme sociale et sociétal », nos démocraties sont en périls et les luttes menées par la CGT sont fortement combattues par le pouvoir et notre discours reste bien souvent inaudible par le reste de la population face au déferlement médiatique de la propagande libérale.

Malgré ces difficultés, la CGT n’a pas hésité à mener les combats qui s’imposait à elle et nos syndicats ont continué à se mobiliser pour défendre les salariés de nos secteurs, leurs emplois et leurs conditions de travail.

Loin de moi l’idée d’écrire un rapport d’activité exhaustif des mobilisations, luttes et autres combats de syndicats ces derniers mois. Je laisse cette lourde tâche à mon camarade Nico pour le prochain congrès, mais je voudrais revenir sur certaines luttes symptomatiques où notre fédération s’est particulièrement illustrée.

Au niveau nationale tout d’abord :

Les mouvements contre la loi Travail et contre les ordonnances Macron ont été largement suivis par la majorité de nos syndicats et au-delà des pétitions sur internet et des rassemblements de nuit sur les places publiques, c’est bien l’action des travailleurs coordonnée, à l’échelle nationale, qui a permis au mouvement de prendre une telle ampleur. C’est par leurs grèves et leurs participations massives aux 14 journées de mobilisation que les travailleurs ont réussi à attirer la sympathie et le soutien d’une majorité de la population.

Pourtant, Les statistiques confédérale estiment que seulement 30% des syndicats ont appelé à des arrêts de travail. Ce qui veut dire que la CGT n’a pas mener la lutte à 100% de ses possibilités puisque 70% n’ont pas pu ou voulu appeler à la mobilisation et à la grève.

Bien des syndicats de la Filpac n’ont pas à rougir de leur mobilisation même si nous avons eu l’éternelle débat au sein de nos instances sur l’utilité de la grève ou d’arrêts de travail dans certains de nos secteurs d’activité.

La participation aux manifestations à même été mise en question. Surtout lors de l’offensive de répression organisée par le pouvoir grâce aux lois d’exceptions de l’état d’urgence.

La direction de la Filpac veut bien entendre tous les arguments développés et les inquiétudes de certains mais nous ne pouvons pas nous poser les questions suivantes : Que ce serait-il passé si les chiffres avaient été inversés ? Quelle aurait été l’issue de la mobilisation si seulement 70% des syndicats avaient appelé à la grève ?

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Pendant cette première partie de mandat, la fédération, en plus de s’impliquer totalement dans la lutte contre les attaques du code du travail, a œuvré principalement à la défense de l’emploi des travailleurs de ses champs de professionnels.

Elle a notamment accompagné et aidé les camarades de MOP à conserver leur imprimerie de presse dans le sud de la France. Lutte au combien difficile alors qu’une procédure de liquidation au tribunal de commerce avait été déposée par le propriétaire Riccobono, plus apte à organiser l’évasion fiscale des subsides de l’État qu’à s’émouvoir du sort des salariés de ses entreprises.

Ce dossier a aussi donné lieu à un déchirement entre camarades et les séquelles sont encore importantes aujourd’hui. Surtout que certains apprentis « sorciers » ne permettent pas d’aller vers un apaisement des tensions et une sortie par le haut de cette crise qui ne ferait que grandir et renforcer la CGT.

Le syndicat de Rouen, avec sa fédération, a œuvré lui pour la poursuite de la parution de Paris Normandie. Ce journal historique de PQR était pourtant déjà donné pour mort et la vente au papivore Rossel paraissait la seule solution acceptable par le tribunal de commerce.

Les camarades du syndicat ont pourtant souhaité porter un projet alternatif et travailler au montage d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Ce projet n’a finalement pas abouti mais il a permis de mettre en évidence une autre façon de développer la presse régionale et de sortir des griffes de Rossel en trouvant un repreneur local ce qui a limité le nombre de départs et de sauver le titre et l’imprimerie.

Nous ne pouvons pas non plus passer sous silence la bataille qu’ont mené les camarades de La Voix du Nord qui grâce à une bataille médiatique sans précédent et aux rassemblements de soutien initiés par le syndicat Métropole Nord, la Filpac et le SNJ CGT ont construit un rapport de force suffisant pour imposer une négociation équilibrée à leur direction.

Aujourd’hui, c’est le les syndicats du groupe EBRA qui s’opposent à leur direction, la banque coopérative et mutualiste Crédit Mutuel, pour la sauvegarde de tous les titres de presse d’Alsace, Loraine et de Moselle et les emplois qui s’y rapportent.

S’ils n’ont pu sauver l’imprimerie du Républicain Lorrain et que celle du journal L’Alsace soit également en grande difficulté, les syndicats du pôle presse du Crédit Mutuel travaillent d’arrache pieds pour imposer au Crédit Mutuel des investissements de nouveaux matériels d’impression afin de pérenniser les sites de Strasbourg et de Nancy.

La Fédération avec son groupe de travail « Presse régional » a rencontré, le 20 mars dernier, le Ministère de la Culture afin d’évoquer tous les sujets brulants du moment : La Marseillaise, les titres du groupe EBRA, les aides à la presse et leur attribution, Presstalis et l’avenir de la distribution de la presse, La réforme annoncée de la loi Bichet et l’avenir du pluralisme des idées…

Je ne passerais pas sous silence le travail effectué par les camarades des différentes délégations fédérales sur les conventions collectives de branches et leurs regroupements, que ce soit au niveau de la presse régionale ou du papier.

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Dans la filière Papier, les dossiers se sont également accumulés.

La lutte la plus emblématique est d’ailleurs toujours en court. C’est celle de nos camarades d’Arjowiggins Wizernes dans la vallée de l’Aa. Depuis bientôt 4 ans, nos camarades occupent le site papetier et, ni les coups bas du groupe Sequana, ni les prévisions défaitistes de certains oiseaux de mauvaises augures qui prévoyaient la fin de la lutte en juillet 2015, ne sont venus à bout de leur détermination.

Dans le même groupe, le patron « voyou » Lebard a vidé de toute substance de l’usine de Crèvecœur mais le syndicat, avec l’aide d’experts et de la fédération, a réussi à porter un projet alternatif qui a permis la reprise de cette papeterie avec ses 230 emplois.

La Filpac-Cgt a, à plusieurs reprises, rencontrer le Ministre de l’Economie sur les dossiers Arjowiggins et les démarches entreprises, si rien n’est encore totalement réglé, ont quand même permis d’éliminer certains blocages, notamment pour la papèterie de Crèvecoeur, ce qui laissent espérer une fin positive au dossier de Wizernes.

Bien entendu la lutte n’est pas terminée et la solidarité doit continuer, voire s’amplifier encore pour aboutir à une victoire des camarades cette lutte qui restera la plus longue de la fédération.

Dans les luttes qui s’inscrivent dans la durée, notons celle de Chapelle d’Arblay où les camarades continuent à se battre pour le redémarrage de la machine 3. Cette lutte d’inscrit d’ailleurs dans une démarche régionale initiée par des membres de notre CEN – Bruno Chauveau, Manu De Barros, Steve Beneteau notamment – avec la création d’un Collectif Normand qui diffuse régulièrement un 4 pages sur l’industrie du papier et de l’impression dans la vallée de la Seine normande.

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Dans un registre plus parisien, les camarades de Cyclo City du groupe Decaux, après des mois de lutte acharnée, ont gagné la possibilité de garder leur emploi chez le nouveau prestataire des vélos parisiens.

Les luttes de la Filpac c’est aussi :

  • Les salariés d’Adrexo de toute la France se sont déplacés pour empêchée le licenciement d’un cde au dépôt de …………
  • les syndicats qui, par leurs interventions auprès des directions de Emin Leydier, Hamelin, Ondulys et bien d’autres, ont soutenus des camarades harcelés par leurs directions.

Si nous pouvons nous réjouir de toutes ces actions de solidarité, car par ces interventions, par courriel ou par fax, ce sont bien les actions de « solidarité active » que nous avons validées lors de notre dernier congrès ; nous pouvons regretter qu’elles n’émanent malheureusement pas de la totalité des syndicats de la fédération. Certains syndicats brillent d’ailleurs par une absence totale de participation à ces opérations pourtant importantes pour la cohésion de la Filpac.

La solidarité a également été apportée à notre administrateur confédéral de la part de la direction fédérale de la Filpac. En effet, pour contrer l’attaque directe du patron voyou Riccobono qui avait décidé de mettre à l’index le numéro deux de la CGT, le CEN a pris la décision, plusieurs fois renouvelée, d’assurer le salaire net de David Dugué. En effet, depuis 15 mois notre camarade, toujours membre de notre direction fédérale, reçoit des feuilles de paye d’un montant de ZERO ! Ce qui implique qu’il ne bénéficie ni de protection sociale ni de cotisations retraite.

Son employeur, Riccobono, numéro 1 de l’impression de la PQN qui touche des millions d’euros d’aide à la presse, grand spécialiste de l’optimisation fiscale et de l’évasion de capitaux via le Luxembourg a décidé de s’attaquer à la CGT et à la Filpac simultanément. Pour ce faire, il a décidé de braver le rapport de force de nos syndicat parisien et de leur fédération.

Peut-on laisser le N° 2 de notre CGT dans une telle précarité ? Je suis persuadé que notre Comité général écrira une motion pour dénoncer les pratiques de ce patron mégalomane et décidera, à l’issue de ses travaux, d’une stratégie unitaire pour faire plier Riccobono pour qu’il rembourse les sommes dues et que David retrouve tous ses droits sociaux et ses salaires.

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La fédération a aussi renforcé sa communication.

Le pôle communication, impulsé par Pascal Le Boulch, Jacques Dimet, notre rédacteur en chef, Fréderic Joffre, notre graphiste et RUST, le dessinateur que tout le monde nous envi, a réussi un tour de force dans le domaine de la Com.

Aujourd’hui nous possédons un site internet et une page Facebook que beaucoup nous envie. Le site et la page Facebook sont bien évidemment à la disposition de tous nos syndicats reconnus et doivent encore être plus utilisés par eux pour informer et communiquer sur leurs actions et négociations dans leurs entreprises ou champs professionnels.

Ces deux vecteurs de communication sont devenus, en quelques mois, l’image de la vigueur revendicative de nos syndicats, le vecteur de leur solidarité et le creuset des informations nécessaires à la vie de nos syndicats.

A cela s’ajoute la Newsletter, la lettre fédérale et une nouvelle version du journal l’IMPAC, qui, par leur rigueur dans l‘écriture et l’esthétique recherché contribuent à développer une communication clair et dense en direction de nos syndiqués.

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Toutes les actions que je viens de vous décrire sont issues du travail quotidien de l’équipe fédérale dont le seul objectif est de répondre aux besoins des travailleurs de nos branches.

Peut-être que les syndicats ont parfois le sentiment que ce n’est pas assez ou que la totalité des décisions de notre 8ème congrès ne sont pas toutes finalisées.

C’est le rôle de ce Comité général de répondre à ces questions et de trouver, le cas échéant, des solutions pour relancer l’activité en direction de sujets jugés oubliés ces derniers mois.

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Je viens de vous parler de nos réussites, de nos lacunes parfois, non pas pour nous enorgueillir mais bien dans l’esprit de réaffirmer l’utilité et l’efficacité de notre syndicalisme CGT qui représente un véritable contre-pouvoir dans la situation complexe et pleine d’incertitudes où nous nous trouvons.

Pour ce qui concerne nos lacunes, je ne peux pas finir cette intervention sans évoquer un des grands chantiers que nous avions souhaité mettre en avant au dernier congrès et qui était une priorité aux yeux de notre regretté Marc :
La politique des cadres syndicaux.

Si la mise en place d’une école des cadres apparaît aujourd’hui comme une chimère et qu’il est évidemment impossible de mettre véritablement en place une telle structure. Nous devons absolument mettre en œuvre une politique des cadres efficiente pour préparer l’avenir de notre fédération.

Le secrétariat actuel s’engage donc à travailler afin qu’à son départ des responsabilités que vous lui avez confiées, quelque soit le temps que cela prendra, une équipe de direction formée et opérationnelle soit prête à prendre la relève.

Il en va de l’existence de notre Filpac !

C’est pourquoi, j’ai décidé de me représenter au poste de Secrétaire général de la Filpac-Cgt à l’occasion de notre 9ème congrès.

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Nous sommes, toutes et tous ici, d’accord pour travailler au rassemblement des travailleurs afin de créer le rapport de forces afin de défendre nos droits et en conquérir de nouveaux.

Mais la construction de ce rapport de forces prend du temps et il est nécessaire pour cela de rassembler le plus largement possible afin de s’engager dans une bataille longue et difficile pour changer les fondements même de la société.

Tout ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise !

Dépasser le capitalisme ne se fera pas en quelques jours. Il faudra assurément continuer à se battre au jour le jour et dénoncer les mauvais coups portés contre les intérêts des travailleurs. Il faudra aussi et surtout faire des propositions alternatives pour conquérir de nouveaux droits dignes du 21ème siècle.

Des droits dignes des salariés de l’une des premières puissances mondiales qui se targue d’être la patrie des droits de l’homme et du citoyen et dont la devise est Liberté, Egalité, Fraternité.

Si les citoyens et les travailleurs peuvent sembler résignés au libéralisme, ils n’en restent pas moins attachés aux grandes conquêtes sociales.

Pour révéler de nouveau cet attachement aux valeurs de notre république et du conseil national de la résistance, enfoui sous le flot permanent de propagande libérale, il nous faut un outil pour combattre cette pollution intellectuelle afin d’organiser la lutte quotidienne qui nous permettra de changer la société.

La CGT et sa Filpac restent l’outils le plus performant pour gagner cette transformation sociale.

Alors continuons le travail entrepris et efforçons nous d’appliquer encore et encore l’intitulé de notre dernier congrès :

Rassembler pour revendiquer
Construire la solidarité
Choisir son camp
Vaincre l’austérité !

 

Maintenant mes camarades, place aux débats !

Vive le Comité général !

Vive la Filpac !