Bayrou coule

8 septembre 2025

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François Bayrou est à la politique ce que Vincent Bolloré est à la liberté d’expression : un contresens tragique, une plaisanterie de mauvais goût. Un homme creux.

Sa carrière ressemble à un accident de la circulation sans fin : il n’avance que grâce aux débris des autres. Toujours à la marge de l’échiquier, il se persuade encore de tenir le centre. À droite on le tolère comme on supporte un convive ennuyeux, à gauche on le raille comme un figurant raté. Sa seule heure de gloire reste cette gifle assénée à un enfant, preuve éclatante d’un courage qui ne dépasse jamais la cour de récré.

Aujourd’hui, le voilà qui remet son avenir à Matignon, comme si la France n’avait d’autre salut que de se soumettre à ses caprices. L’agrégé en lettres classiques, incapable de produire une idée, se contente d’infantiliser la nation entière. Les Français sont pour lui des cancres, les députés des élèves turbulents, et lui seul distribue les bons points. Sa grande leçon : « Laissez-moi tondre les pauvres, pressurer les précaires, épuiser les vieux et les malades, pendant que j’épargne les fortunes, sinon, malheur au pays ! » Voilà le prophète Bayrou, brandissant la menace du chaos pour sauver son petit trône de carton.

L’immobilisme élevé au rang d’art

Quelle honte ! Pour qui se prend-t-il ? Sa pensée politique se résume à l’immobilisme élevé au rang d’art. Son courage ? Se planquer derrière l’amnésie, comme dans l’affaire Bétharram, où sa propre fille fut victime. Plutôt mentir que répondre, plutôt mépriser que s’expliquer. Voilà sa grandeur : une lâcheté de haut vol.

Non, la démocratie française n’a pas besoin de ce maître d’école déguisé en homme d’État. Bayrou n’est pas le centre : il est le vide en personne, mais un vide bruyant, prétentieux, persuadé que son silence vaut une voix.

Il se défausse sans cesse pour mieux éclairer son incompétence. Pendant ce temps, les comptes publics flambent. Mais ce n’est pas sa faute, assure-t-il. Mensonge ! Depuis 2017, Bayrou n’est qu’une marionnette approuvant les faits et gestes d’Emmanuel Macron applaudissant quand le président démantèle l’État. Privatisations, coups de ciseaux dans le Code du travail, et abuse des emprunts indexés sur l’inflation.

Le banquier parle aux banquier

Le principe est simple : avec un emprunt classique, l’État paie des intérêts fixes et rend le capital à terme. Là, non : l’État endosse le risque d’inflation, et au moment du remboursement, il crache non seulement le capital mais un malus gonflé par l’inflation. C’est Dominique Strauss-Khan qui a popularisé ce système. Résultat : en 2023, l’ardoise s’est élevée à 15,8 milliards d’euros, selon la Cour des comptes (avril 2025). Quinze milliards partis engraisser les prêteurs, pas les hôpitaux ni les écoles. Et comme la BCE a relevé ses taux, les emprunts traditionnels coûtent plus cher eux aussi : dans tous les cas, la finance gagne, et l’État perd.

Mais ce n’est pas un accident, ou un effet indésirable caché dans une notice écrit en petites lettres. Tout est planifié. Bruno Le Maire, à l’Assemblée national l’a avoué, quand il était encore le fossoyeur des Comptes publics : les banques poussent l’État à ces emprunts pour garantir la rémunération, famélique, du Livret A et de quelques placements financiers. Depuis 2017, leur usage a explosé, jusqu’à représenter la moitié des émissions françaises. L’ancien banquier sert ses amis, Bayrou applaudit en coulisses et joue les sages en public.

Courage, fuyons !

La situation économique en France est-elle une fatalité ? Absolument pas. Mais puisqu’Emmanuel Macron et sa clique refusent obstinément de faire contribuer les plus riches, ils préfèrent s’acharner sur le reste de la nation. C’est tellement plus simple de taper sur ceux qui n’ont pas de yacht ni de comptes dans les paradis fiscaux. Et pendant ce temps, François Bayrou se berce dans son roman national autour d’Henri IV. Qu’il quitte donc ses rêveries d’alcôve pour relire un peu l’histoire de 1789 : le besoin d’équité et d’égalité face à l’impôt. Mais ce mot, égalité, brûle les lèvres des libéraux comme de l’acide.

Ce principe, gravé dans la Déclaration des droits de l’Homme et repris dans la Constitution, est aujourd’hui traité comme une hérésie par les apôtres du libéralisme. Le locataire de l’Élysée, au lieu de tordre ce texte pour justifier ses réformes ignobles, ferait mieux de le lire, de l’apprendre par cœur et d’en méditer chaque mot.

Et puisqu’il est question de lectures nécessaires, tous ces avocats des riches devraient être condamnés à copier cinquante fois la sentence de Claude Tillier dans Mon oncle Benjamin : « Quiconque a semé des privilèges doit recueillir des révolutions. »

Le jour où le peuple se soulèvera, ces tristes sires de l’Élysée, de Matignon ou des conseils d’administration jureront, main sur le cœur, que ce n’est pas de leur faute. L’irresponsabilité est décidément le plus confortable des privilèges.