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CDM-MLP, un projet destructeur d’emplois qui tourne le dos à la solidarité et au pluralisme

15 avril 2020

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À l’heure où le pays est mobilisé contre le Covid-19, et pendant que les salariés de la profession continuent de travailler au service du pluralisme, la Coopérative de Distribution des Magazines (CDM), actionnaire de Presstalis, et les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) s’emploient à présenter un plan en rupture totale avec les principes fondateurs de la loi Bichet et aux effets dévastateurs pour les salariés du Groupe Presstalis.

Baptisé « Inca », ce projet dévoilé dans la presse propose, une fois la liquidation de Presstalis prononcée, de faire des MLP, la coopérative unique des magazines et de rompre ainsi tous liens capitalistiques entre les quotidiens et les magazines, tournant le dos à leur solidarité historique.

Peu reconnaissants envers un système dont ils ont été les premiers bénéficiaires et leur ayant permis de développer de nombreux titres, les magazines entendent faire main basse sur les outils de gestion développés par Presstalis. C’est ainsi que le siège social des Lilas verrait ses effectifs chuter de 200 à 50, avec un service comptable, informatique et commercial fortement réduit.

Cette perspective en dit long sur l’intention de ne faire vivre, survivre l’entreprise que le temps nécessaire pour permettre aux MLP de terminer le pillage des ressources et des données. Ce dernier acte solderait ainsi les nombreuses procédures engagées par les Messageries lyonnaises contre NMPP-Presstalis pour capter les outils et le savoir-faire. Le site de Bobigny, « laissé à la CDQ », deviendrait un prestataire, tout comme les deux SAD de Lyon et Marseille, « conservées » avec un statut de SCOP mais sans mandat ducroire, ni fonction commerciale et administrative.

Loin du discours du président Emmanuel Macron qui soulignait que « tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises quoi qu’il en coûte », le duo CDM-MLP propose, en pleine crise du Coronavirus, de supprimer 70 % des emplois et de reléguer les 250 salariés restants au sein de structures sous-traitantes des MLP.

Ce projet est tout sauf sérieux. Et devant un tel aplomb de la part de ses promoteurs, le doute sur leur crédibilité subsiste. En effet, quel crédit accorder aux engagements des MLP qui sont allées jusqu’à contester des décisions auxquelles elles ont elles-mêmes pris part ? De même, la CDM semble oublier qu’elle est encore à ce jour actionnaire à 73 % de Presstalis et que ses éditeurs coopérateurs sont loin d’être exempts de reproches quant à la gestion du Groupe Presstalis. À ce titre, ils ne peuvent s’exonérer de leurs responsabilités sociales et financières.

Enfin, et pour que les choses soient claires, le SGLCE-CGT, même s’il reste ouvert aux débats avec tous les acteurs de la profession, ne saurait cautionner un plan destructeur de plusieurs centaines d’emplois et laissant peu de perspectives à ceux qui échapperaient à ce carnage social. Il considère le projet CDM-MLP industriellement et socialement irréaliste. D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit de lire les nombreuses conditions suspensives à sa mise en œuvre.

Poursuivre dans cette voie ne serait pas raisonnable

Notre organisation syndicale considère qu’un projet d’avenir, préservant le modèle de distribution collectif et solidaire et dans lequel les salariés trouveraient toute leur place, est possible et nécessaire pour sortir de l’impasse sans drame.

Pour y parvenir, chacun doit faire preuve d’un peu d’humilité et de beaucoup de responsabilités. À commencer par les éditeurs, qui ont trop tergiversé depuis des mois en se rejetant mutuellement l’absence de consensus autour d’un projet commun pourtant indispensable dans un contexte de baisse tendancielle de la vente au numéro. Aujourd’hui, face à l’urgence de la situation, ces derniers doivent cesser leurs enfantillages et s’inscrire dans une solution globale pour la filière.

Si nous prenons d’ores et déjà acte des engagements des MLP et de la CDM de réattribuer les 3 points de rémunération supplémentaires aux dépositaires en charge de la distribution des grandes métropoles, il est indispensable d’aller plus loin dans cette voie.

Pour le SGLCE-CGT, le futur projet autour de Presstalis nécessite que les éditeurs de la CDM et de la CDQ conservent des liens capitalistiques au sein d’une messagerie commune et prennent l’engagement de confier directement aux établissements de cette messagerie, à Paris et dans les grandes métropoles de province, la gestion et la distribution de leurs titres afin de bénéficier des avantages de la mutualisation des flux.

Sur ces bases, notre organisation syndicale se déclare prête à négocier un accord avec la direction générale du Groupe Presstalis. Dans ce contexte, il doit pour tous les sites de Paris et de province permettre ‒ tout en conservant les moyens nécessaires à la bonne gestion des systèmes d’information et de tous les flux propres aux quotidiens et aux magazines ‒ l’adaptation des sites et leur réorganisation. C’est dans ce sens, et en prenant en compte la réalité de la charge de travail, que, lors des derniers échanges, nous avons été force de propositions pour maintenir le réseau de distribution Paris / province et les emplois nécessaires à son bon fonctionnement.

Cet accord doit être complété d’un financement des mesures d’accompagnement social.

Répondre aux enjeux sociaux est la clé de la réussite. Et ce n’est qu’à cette condition que le SGLCE-CGT donnera son assentiment.

Paris, le 14 avril 2020