• Réforme du chômage
Chômage go on
27 juin 2024
• Montreuil, le 27 juin 2024
Il est vraiment regrettable que la bêtise ne soit pas une discipline olympique. Dommage, car Gabriel Attal et sa ministre du Travail, Catherine Vautrin, mériteraient sans doute la médaille d’or pour leur abnégation sans faille dans ce domaine. Peut-être cherchent-ils à partir en beauté en assénant un dernier coup de trique aux plus faibles, ou est-ce juste un énième calcul électoral pour rassurer l’extrême droite ? Peu importe, dans quelques jours, juste avant le premier tour des législatives, un nouveau décret va durcir les règles du chômage. Le patronat applaudit des deux mains, tout en réclamant un texte encore plus strict. Les syndicats, réunis en intersyndicale, veulent faire annuler ce décret devant les tribunaux. Cependant, même si le dernier décret arrive à péremption le 1er juillet, rien n’empêche de signer un nouveau texte dit « de jointure » en attendant les résultats des élections et des ajustements moins brutaux.
Mais l’actuelle majorité se moque éperdument des chômeurs. Pour elle, ce ne sont que des assistés oisifs qui ne prennent même pas la peine de traverser la rue pour trouver un boulot ! À quoi bon les ménager ? Soit les chômeurs n’iront pas voter, soit ils ne mettront pas un bulletin pour la bande à Macron (sauf les masochistes, mais c’est un autre débat). Si le Nouveau Front Populaire a annoncé que cette réforme serait abrogée s’ils arrivaient au pouvoir, sans se vouloir devin, le clan fasciste ne devrait pas avoir cette délicatesse. Premièrement, Le Pen doit rassurer son allié Ciotti. De plus, cette réforme exclura de nouveaux chômeurs. Résultat : leur nombre baissera automatiquement. Une aubaine pour l’extrême droite.
“ Mais l’actuelle majorité se moque éperdument des chômeurs. Pour elle, ce ne sont que des assistés oisifs qui ne prennent même pas la peine de traverser la rue pour trouver un boulot ! À quoi bon les ménager ?”
Au-delà du coup porté à la solidarité, cette réforme par décret révèle l’état de notre démocratie. D’abord, ce texte est imposé sans consensus des partenaires sociaux. Ensuite, avant de partir, le gouvernement aurait pu traiter d’autres urgences comme l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, renforcer les dispositifs pour lutter contre les accidents du travail, ou encore mettre en place une stratégie rigoureuse pour traquer les évadés fiscaux. Mais non, la macronie préfère s’attaquer aux faibles plutôt qu’aux milliardaires. C’est tellement plus facile ! Pourtant, ce calcul est absurde. Pourquoi ? La réforme de l’assurance chômage ne devrait générer que quelques centaines de millions d’euros d’économie. Dans le même temps, l’évasion fiscale représente entre 80 et 100 milliards d’euros chaque année. Un sens des priorités pour le moins étonnant… Les membres du gouvernement devraient pourtant savoir qu’un contrat de travail reste précaire. Eux qui pensaient papillonner pendant trois ans voient leur chef fermer boutique. Sauf qu’ils vont vite se recaser, ce qui n’est pas le cas de tous ces travailleurs jetés dans la précarité. Un calcul cynique pour notre démocratie.