Filpac-Cgt

Dialogue social et conventions collectives dans le domaine graphique en Europe

28 janvier 2019

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Les 26 et 27 novembre 2018, une délégation de la FILPAC composée de Pascal Lefebvre et de Marc Jarnoux s’est rendue à Bruxelles pour assister à deux journées d’étude sur le dialogue social et les conventions collectives dans le domaine graphique en Europe.

La première journée était organisée sous forme de négociation sociale avec les représentants des syndicats patronaux nationaux regroupés sous l’égide d’Intergraf (union patronale graphique).

La deuxième journée s’est déroulée elle entre syndicalistes représentant les travailleurs des Industries Graphiques et de l’emballage (Packaging) de toute l’Europe. Les représentants patronaux n’ayant aucun mandat pour négocier sur les dossiers évoqués (conditions et santé au travail, formation professionnelle, temps de travail), le présent compte-rendu ne traitera que de cette seconde journée.

Tous les participants partagent un premier constat : « le chemin qui nous mènera à l’unité est long et rempli de disparités mais l’idée d’une harmonie sociale et égalitaire entre les salariés européens reste une merveilleuse et magnifique utopie ». La CGT rajoute que rien n’est impossible et que le souvenir des luttes et des victoires remportées depuis de nombreuses années nous le prouvent.

Le deuxième constat des participants est que, malgré cette volonté des syndicats européens de développer cette unité syndicale, les travailleurs en sont plus réduits à défendre leurs acquis qu’à en conquérir de nouveaux. En conséquence, les combats qui se voudraient nationaux, aussi bien en Allemagne, en Angleterre qu’en France, se replient toujours un peu plus au niveau l’entreprise.

En étudiant les pays qui nous entourent, nous constatons qu’au Portugal le prix l’énergie augmente de 17% lorsqu’il existe des groupements d’achats et de 30 à 35% pour les particuliers. Pour ce qui concerne le secteur graphique, le prix du papier augmente, la diffusion des quotidiens baisse alors que leur vente sur internet ne décolle pas. De plus, le secteur manque de personnel qualifié et l’industrie du livre ne fait plus recette.

En Italie, le prix de l’énergie est plus élevé de 30% que la moyenne européenne ce qui cause d’énormes problèmes dans les papeteries. Le livre se maintient grâce à l’impression numérique quand la production des quotidiens baisse hors suppléments. Il y a par contre une reprise de l’impression labeur grâce aux produits de luxe.

En Belgique, pour palier à la baisse de diffusion des journaux, la valeur faciale est en baisse et la chute de la publicité « print » se confirme. Une étude révèle que 54% des publicités numériques sont lues par des robots.

En Finlande, la production des journaux stagne malgré la hausse du prix du papier.

En Allemagne, l’énergie augmente de 1,5 à 2% alors qu’en parallèle la production des journaux augmente. Le patronat allemand souhaite revenir sur tous les acquis des travailleurs de la presse avec la remise en cause de toutes les primes et une pression énorme pour le retour aux 40 heures hebdomadaires. Les ouvriers, pour lutter contre cette pression patronale, organisent ce qu’ils appellent des « grèves préventives ».

En Espagne, le prix du papier augmente mais paradoxalement la production du livre papier reprend par rapport au numérique.

En Suède, où il n’y a plus de gouvernement, les prix de l’énergie n’augmentent pas. Par contre, les secteurs graphiques et emballages sont en régression et on remarque également une concentration des imprimeries de journaux.

En Croatie, les coûts de l’énergie sont aussi en augmentation. Les salaires aussi globalement mais ils sont en baisse dans le secteur graphique. En conséquence, les jeunes émigrent massivement à l’étranger, ce qui entraîne une baisse du chômage de 8%. Le prix du papier augmente car il est importé. La diffusion des journaux chute sensiblement et celle des magazines stagnent. Quant aux livres scolaires, ils sont purement et simplement remplacés par des tablettes numériques.

Aux Pays-Bas, la diffusion des journaux et des magazines s’érode comme en Espagne et en France. Cette situation entraine une concentration des imprimeries. Les services publics sont au plus mal et la distribution du courrier va devenir très compliquée.

En conclusion, quelque que soit le régime politique en place, le prix de l’énergie est en hausse partout en Europe sauf en Suède où il n’y a pas de majorité gouvernementale. Les coûts du papier augmentent alors que la diffusion des journaux est en baisse. L’augmentation partout en Europe du coût du papier est principalement due à une forte demande de la Chine.

Cette inflation des prix de l’énergie et du papier s’accompagne d’une régression sociale sans précédente : remise à plat du paiement des heures supplémentaires, explosion des contrats précaires et de court terme, dégradation des conditions de travail.

La baisse des tirages, en particulier dans la presse, sert de prétexte au patronat des industries graphiques pour tenter de justifier ses basses œuvres antisociales.

Le numérique ne progresse plus dans l’édition du livre dans aucun pays européen et régresse même dans certains en comparaison l’impression des livres. Par ailleurs, un fléchissement se fait ressentir sur les éditions numériques en presse chez nos certains de nos homologues européens. Ces éléments laissent à penser qu’un nouvel équilibre entre imprimé et numérique est en train d’émerger.

En France, mais aussi dans nombre de pays européens, aussi surprenant que celui puisse paraître, il n’y a pas assez de jeunes sortant des écoles graphiques au regard du nombre des offres d’emplois. Le manque de jeunes qualifiés se fait lourdement ressentir dans certains secteurs graphiques. Les délégués présents pensent que la mise en œuvre d’une sorte de « Érasmus graphique » pourraient permettre de répondre à cette problématique.

Tous les délégués déplorent l’absence des délégués anglais qui, affligés par le Brexit et les incertitudes qu’il soulève, n’ont pas pu se déplacer à Bruxelles.