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EGI, la déception sans surprise
17 septembre 2024
• Montreuil, le 17 septembre 2024
EGI, la déception sans surprise
Dans la prochaine édition des dictionnaires, ne soyez pas surpris de voir une nouvelle définition : « États généraux de l’information : vaste bazar inutile, coûtant sept millions d’euros, conçu exclusivement pour décevoir. Synonymes : occasion manquée, indigence… » Onze mois de palabres pour accoucher du néant : peu d’idées intéressantes, encore moins de mesures concrètes pour sauver l’information. Ce qu’on oublie ici, c’est l’enjeu de base des EGI : faire en sorte que l’info arrive jusqu’aux citoyens, histoire qu’ils puissent comprendre un peu mieux le monde qui les entoure. À la place ? Quelques mesurettes, surtout pour contrer les influences extérieures, avec les GAFAM dans le viseur. Et les dérives internes, alors ? presque rien.
Face à la concentration des médias, ils suggèrent de copier le modèle allemand avec une formule mathématique pour freiner les acheteurs compulsifs qui raflent tout sur leur passage. Pour info : appliquée en France, cette formule ne verrait rien à redire à la mainmise de Bolloré, Saadé, Niel et compagnie.
Du même acabit, le rejet du droit d’agrément, qui permettrait pourtant aux rédactions de dire oui ou non à la nomination par l’actionnaire de leur directeur. Ici, on réduit tout ça à un simple avis consultatif. Cette mesure, à elle seule, résume la vision du dialogue social selon Emmanuel Macron.
Sur le secret des sources, des affaires ou de la défense ? rien, à part se référer à un décret européen aussi flou qu’un brouillard de novembre. Pendant ce temps, les grands patrons pourront continuer à traîner les journalistes devant les tribunaux de commerce, histoire de bien leur compliquer la vie, alors que ce n’est clairement pas le lieu pour juger des délits de presse.
Les EGI prônent une meilleure formation à l’information à l’école. Comment ? Par qui ? Avec quels moyens ? Mystère !
Quant à l’avenir du service public, c’est simple : on n’en parle pas. Alors, imaginez bien que les questions comme la distribution de la presse, les imprimeries, les salaires ou les conditions de travail n’ont même pas traversé leur esprit un seul instant.
Ces EGI devaient pourtant servir à trouver des solutions pour que les journalistes puissent continuer à faire leur boulot et redonner de la confiance aux citoyens. Mais peut-être que cultiver l’esprit critique, c’est trop risqué pour le capital. Et ces gens, souvent bien installés à Paris, réalisent-ils seulement qu’une région sans pluralisme de la presse devient un terrain fertile pour l’extrême droite ? L’information est censée être un bien commun. Mais, visiblement, le pouvoir préfère des journalistes sous silence.