CGT Lydall

En Bretagne, une multinationale américaine s’interroge sur la politique industrielle du gouvernement Macron !

25 juin 2021

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Communiqué de presse

En Bretagne, une multinationale américaine s’interroge sur la politique industrielle du gouvernement Macron !

 

Une fois n’est pas coutume, le syndicat CGT de l’usine Lydall, spécialisée dans la production de médias filtrants et ce depuis des dizaines d’années, reprend à son compte l’essentiel d’une lettre envoyée par sa direction à des membres du gouvernement* du président Macron.

Ce courrier signé par le président américain de la division Lydall Performance Matérials, Ashish Diwanji, qui emploie plusieurs milliers de salarié-e-s dans le monde exprime sans ambiguïté son scepticisme quant à la politique adoptée par les gouvernants français et pose franchement la question : « quelles sont les prochaines mesures que le gouvernement compte prendre pour s’assurer de la pérennité de cette filière française qu’il a encouragée, subventionnée et soutenue par les commandes de Santé Publique France.

Force est de constater que des masques en provenance d’Asie souvent déstockés par des importateurs parfois à 1 centime l’unité sont largement retenus dans les appels d’offres des administrations françaises et concurrencent de fait les acteurs français qui ont décidé d’investir durablement sur ce marché ».

Lydall PM, autrefois Lydall Filtration, usine implantée à Melrand dans le Morbihan, a répondu à cet Appel à Manifestation d’Intérêt lancé par le gouvernement en 2020 pour permettre à la France d’être indépendante pour sa production de masques. « Nous avons investi un montant de 12 millions d’euros subventionné à hauteur de 30% dans une machine meltblown de dernière génération pour produire du media filtrant utilise pour la confection des masques » rappelle Ashish Diwanji.

L’usine de Melrand répond à cet appel du gouvernement, non par opportunisme industriel, mais parce qu’elle possède déjà un outil de production de meltblown, sous utilisé, lui permettant de répondre à la demande de produits non-tissés par les fabricants de masques.

Dès le mois d’avril 2020, des salariés supplémentaires vont donc prêter main forte aux opérateurs pour répondre à cette demande, tous vont faire le maximum pour faire tourner 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 cet outil indispensable à la fabrication des masques, une production essentielle pour la protection des populations. Tous les services, production, commerciaux, comptables… tous les salarié-e-s sans exception participent à cet effort. La CGT Lydall sera toujours attentive à ce que les contrats précaires de la quasi totalité de ces travailleurs soient requalifiés en CDI.

Pour mémoire, quelques mois avant la pandémie, notre usine morbihannaise proposait des échantillons de sa production à un des plus gros fabricants de masques en France, situé à Plaintel dans le département voisin des Côtes d’Armor, propriété de Honeywell. « En 2 018, l’usine ferme ses portes. Pire : les machines dévolues au stock étatique dont certaines étaient quasi neuves sont vendues au prix de la ferraille puis détruites ».** Depuis, deux projets concurrents ont vus le jour dans ce département, l’un est une coopérative crée par d’anciens salariés, projet soutenu par la Région Bretagne, l’autre est initié par un financier Suisso-libanais, qui, au passage, siphonne une partie des savoirs-faire de l’ancienne société Honeywell. Ces deux entreprises bénéficient, là aussi de l’aide de l’État.

Résumons : Lydall, une usine spécialisé dans la filtration depuis plus de 40 ans finance un outil de production performant, très performant même, ce pour 12 millions d’euros, l’État français en subventionne 30 %. Les travaux terminés, la nouvelle unité de production peine à trouver des commandes pour assurer sa rentabilité… Cherchez l’erreur !

Lors de la visite du ministre Jean-Yves Le Drian sur le chantier de Melrand en janvier dernier, nous lui remettions une lettre lui rappelant que « pour la CGT subventionner la fabrication nationale de masques ne suffira pas à dédouaner les responsables politiques qui se succèdent. Il n’y a pas que le virus qui tue ». Cette phrase faisait référence « à la fermeture de 3400 lits hospitaliers fermes en 2 019 et de 4000 en 2 018 ».

A Lorient, l’État valide le lâchage de la Fonderie de Bretagne par le groupe Renault. Il semble que la cohérence ne soit pas plus au rendez-vous pour la politique industrielle que pour celle de la santé ! Responsable ET coupable !

Pour la CGT Lydall, comme pour Ashish Diwanji, ni le gouvernement français, ni la Commission européenne ne respectent leurs engagements « et comme le soulignent également les fabricants de masques il est essentiel que la sécurité, la fiabilité, l’empreinte carbone, l’emploi locale la responsabilité sociale soient pris en considération par les centrales d’achats des hôpitaux et les autorités publiques ».

 

La CGT Lydall Melrand
Juin 2021

* Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la relance, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’industrie, en copie à Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Loïc Chesnais-Girard, Président du conseil régional de Bretagne,Nicole Le Peih, Députée du Morbihan, tous les trois présents lors de la visite de chantier en janvier.
** Politis, Bastamag ! « Comment l’État a laissé tomber son usine de production de masques, l’une des plus importantes au monde ». Avril 2020