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LA CRIEUSEÉdition spéciale du Crieur pour la Journée du droit des femmes
8 mars 2019
Y aurait-il besoin d’une énième journée de la femme si tous les individus étaient égaux au pays des « Droits de l’Homme et du citoyen » ?
Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits… Les hommes et non L’Homme !
Olympe de Gouges, dès 1791, dénonce cette incongruité avec « sa » déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, dans laquelle elle affirme l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes, insistant pour qu’on rende à la femme les droits naturels que la force du préjugé lui a retirés. Elle écrivait : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ». Elle obtint que les femmes fussent admises dans une cérémonie à caractère national, « la fête de la loi » du 3 juin 1792, puis à la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1792. Elle demanda l’instauration du divorce, qui fut adopté, la suppression du mariage religieux et son remplacement par une sorte de contrat civil signé entre concubins ; véritablement révolutionnaire. Elle fut une des premières à proposer le système de protection maternelle et infantile que nous connaissons aujourd’hui ainsi que la création de maternités. Elle sera guillotinée par un jury… Exclusivement masculin.
Pour un modèle social égalitaire
2019, la Femme est pourtant toujours entravée, bloquée dans le rôle dévolu par l’autre sexe, le dominateur, celui qui écrit l’histoire, qui rédige les lois, gouverne et s’arroge encore et surtout le droit d’asservir toutes les femmes. Ces verrous sont autant de raisons d’entrer en résistance pour rester debout dignes existantes et citoyennes. Nous ne pouvons qu’abolir cette société phallocrate, pour construire un nouveau modèle social égalitaire. C’est l’homme qui a construit cette injustice en colonisant les consciences. Un mythe inventé pour enfermer les femmes dans une condition d’opprimées. La norme ne doit pas être masculine mais universelle. La démocratie dépend de la possibilité de toutes et tous d’être sujets de notre propre histoire.
Nous reconnaitre comme individu
Si l’égalité́ salariale n’est toujours pas acquise, c’est bien pour garder les femmes économiquement dépendantes. Parler de rattrapage salarial nous positionne encore sous le joug de l’homme. Néanmoins c’est une étape indispensable.
Ce système rétrograde repose sur le genre et non sur les compétences de chaque individu. Nous demandons la reconnaissance de notre existence en tant qu’individu libre.
Marie Curie met ses connaissances et compétences au service des soldats blessés en allant sur le front bravant tous les assauts. Beaucoup se sont faites ouvrières pour ravitailler les armées en munitions.
Germaine Tillon, la première femme au Panthéon, et Lucie Aubrac ont su résister, combattre, cacher comme tant d’autres « les étoiles jaunes ».
Louise Michel mise sur l’éducation des filles pour les aider à mieux vivre de leur travail par la suite, une éducation contre l’obscurantisme de la domination du patriarcat doublé de celle du patronat.
Madeleine Pelletier, première femme médecin diplômée en psychiatrie au tout début du XXème déclare « c’est à la femme seulement de décider si et quand elle veut être mère ». Elle pratique toute sa vie des avortements. Le planning familial ne sera créé qu’en 1960. En 1967 la contraception devient légale.
Simone Veil a pu défendre et obtenir la légalisation de l’avortement en 1975, grâce aux multiples combats féministes.
Antoinette Fouque, la psychanalyste et politologue, en mai 68, s’oppose au machisme ambiant dans les milieux intellectuels et militants et s’engage dans le « Mouvement des femmes » ce qui contribuera à la création du MLF.
Gisèle Halimi, avocate, obtient la qualification du viol en crime. 1971, le manifeste des 343 salopes parait. Tous ces combats sont autant de démonstrations de détermination et de courage à visages découverts.
Simone de Beauvoir, en publiant Le deuxième sexe, justifie nos positions. L’inégalité́ est idéologiquement construite. Les femmes doivent prendre possession de leur destin, non en tant que femme, mais en tant qu’Homme comme les autres.
Angela Davis, le 8 mars 2017, lors de la marche mondiale des femmes à Washington déclare « chaque jour sera désormais un jour de résistance, à la fois pour l’émancipation des femmes et pour la construction de sociétés soutenables basées sur la démocratie, la justice sociale et le respect de la diversité. »
Aucune d’elles ne cherchait ni la gloire ni la reconnaissance, seule la lumière de l’espoir. Agir pour ce qui était juste, au-delà de soi. Pourtant chaque jour, les viols, la violence conjugale tuent. Est-ce ainsi que certains hommes font la démonstration de leur virile humanité ? Salir, humilier, menacer, abuser, tuer par la force, la violence, l’abus de pouvoir, celui de nuisance aussi, le harcèlement moral et sexuel sont omniprésents et conduisent à « metoo » ou « balance ton porc » avec l’affaire Weinstein en 2017. Les réseaux sociaux permettent aussi l’ignominie de la Ligue du LOL début février 2019 : un cyberharcèlement, une humiliation numérique qui durent depuis 2009. Trop c’est trop et « quand une femme dit non, c’est non ». Nous ne sommes « ni putes ni soumises ».
Le combat des femmes reste plus que jamais vivace et d’actualité. L’humanité est notre berceau. Malgré des siècles, trainées dans la boue, jamais rien n’entamera notre combativité. La place de la femme ne relève pas du ressort de la gente masculine. La femme n’est pas l’avenir de l’homme mais la femme est Homme. Le combat ne cessera tant que cette litanie de lois restera la démonstration d’échecs successifs à leur mise en œuvre. La lutte sociale contre l’entrave à la liberté fait des féministes les maillons forts du changement. Le féminisme est un humanisme et « qui ne gueule pas une vérité quand il la sait est du côté des menteurs », Charles Péguy.
Oui la Femme est une Homme, une Juste, une Brave. Il n’est en aucun cas question de revanche sur l’homme, qui n’est pas notre modèle. Notre référence est l’humanité toute entière. Notre seule propagande reste la justice.