Syndicat multi-professionnel La Vie Ouvrière
La VO : une gestion irrationnelle
1 février 2023
Ce quatre pages vous est proposé par le syndicat CGT de la Vie Ouvrière. Il résulte d’un droit d’alerte économique engagé par le CSE, à la demande des salariés inquiets au regard du projet de transformation de l’entreprise de presse qui vous a été présenté. Les conclusions de l’expertise, restituées fin 2022, s’avèrent très éloignées du bilan optimiste du PDG de la Vie Ouvrière. Nous voulons mettre en exergue le décalage entre la présentation en trompe-l’œil du PDG et la réalité économique et sociale de l’entreprise, bien plus préoccupante. Car la politique menée par le PDG depuis deux ans repose exclusivement sur la réduction des coûts, et non sur le développement du chiffre d’affaires, contrairement aux engagements pris devant le CCN et la CEC en novembre 2021. Une stratégie qui n’a fait qu’accélérer la dégradation de l’outil de travail et la santé des salariés. À ce stade, rien ne laisse présager une amélioration de la situation. Raison pour laquelle nous tirons, à nouveau, la sonnette d’alarme, vous soumettant nos préoccupations et les revendications qui en découlent.
Camarades, bonne lecture. ■
Une entreprise à assainir financièrement
Depuis une quinzaine d’années, la situation financière de l’entreprise de presse de la CGT est structurellement dégradée : baisse des abonnements et des recettes publicitaires, coûts du journal délégué (la Vie Ouvrière-Ensemble) supérieurs aux fonds alloués afin de le réaliser… En conséquence, la confédération est amenée chaque année à renflouer l’entreprise au moyen de subventions. Tous les ans, également, une lettre de soutien financier est exigée de la confédération, par le commissaire aux comptes, pour éviter à ce dernier de déclencher un droit d’alerte, en vue d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire de l’entreprise. Alors qu’elle s’enorgueillit de son entreprise de presse, la CGT la laisse avec des capitaux propres négatifs (- 1,7 million d’euros), la plaçant en situation de cessation de paiement permanente. Et ne lui donnant aucune trésorerie pour procéder aux investissements nécessaires afin de mener le projet voté par le CCN en janvier 2021. ■
Une gouvernance défaillante
Le conseil d’administration dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société et pour autoriser toutes les opérations intéressant l’activité de cette dernière. Malheureusement, il est en sous-effectif chronique, à l’image de l’entreprise. Il est en outre difficile, pour de potentiels candidats, de connaître les modalités d’accès au CA de la VO afin de le renforcer. ■
La présidence connaît un turn-over préjudiciable : cinq titulaires (parfois intérimaires) au cours des six dernières années ! Le dernier président a été proclamé PDG le 13 août 2021. Or, lorsque la présidence dépasse l’aspect politique, cela se traduit par un manque de temps et de compétences pour gérer l’entreprise. ■
Le Codir de cinq membres est censé épauler le PDG, mais il s’apparente à un cercle de chefs de service sans prérogatives. Alors qu’il devrait contribuer à la mise en œuvre de la stratégie et à la bonne marche de l’organisation du travail. ■
Des objectifs et engagements non tenus
Le projet voté par le CCN (01/2021) pour une soutenabilité financière de l’entreprise reposait sur les piliers suivants :
le mensuel La CGT Ensemble !
change de formule. Baptisé la Vie Ouvrière-Ensemble, il sort en janvier 2022. Or, ce dernier coûte plus cher que l’ancienne version (passant de 2,9 à 3,8 mil- lions d’euros), soit près d’un mil- lion de plus par an… En outre, selon les experts, ce journal, dont la réalisation est déléguée par la confédération, n’est pas refacturé à l’euro près, grevant ainsi davan- tage les comptes de l’entreprise. ■
le lancement du trimestriel, baptisé la Vie Ouvrière, est censé compenser l’arrêt du mensuel NVO. Il sort en mai 2022 et devait générer 8 000 abonnements supplémentaires, selon le PDG. Or, en l’absence d’une véritable stratégie éditoriale et commerciale, ainsi que de moyens pour sa promotion, c’est un échec sur le plan financier. ■
la régie publicitaire Comédiance s’était engagée contractuellement à générer 650 000 € en 2022. Or, il manque 350 000 € à l’appel. Et la direction semble impuissante à faire respecter cet engagement contractuel. ■
un site web enrichi. En réalité, il est en déshérence depuis des mois. Faute de compétences, de forces rédactionnelles et de moyens financiers, le site nvo.fr n’est alimenté qu’aléatoirement, contrairement à la promesse faite aux abonnés. ■
des publications juridiques (RPDS, guides, VO Impôts, nvodroits.fr) dynamisées et améliorées. Rien n’a été mis en œuvre pour réaliser cet objectif. Pire, par manque de moyens humains pour le mettre à jour, le site nvodroits.fr diffuse des informations obsolètes. ■
des prestations aux organisations pour 400 000 € par an. Grâce au partenariat historique avec l’Urif, la réalisation d’un 8 pages a rapporté 100 000 € en 2022. Il manque 300 000 €. Et les moyens manquent là encore pour rechercher de nouveaux partenariats et développer cette activité…
Une organisation du travail fragilisée par des choix hasardeux
La refonte des publications semble avoir pour seul but de réduire les effectifs. Depuis presque deux ans, nous n’avons plus de rédacteur en chef adjoint, ni de chargé de communication, ni de webmaster, ni d’animatrice web au service juridique, ni de rédacteur en chef dédié au trimestriel (depuis novembre 2022)…
- Des tâches liées à la réalisation graphique du nouveau trimestriel sont sous-traitées bien au-delà de la phase de création, générant des frais supplémentaires. Ce pilotage doit durer deux ans et huit numéros, suivant les termes d’un contrat que ni les experts ni les élus du CSE n’ont pu consulter malgré leurs demandes. Le tout, sans aucune transmission du savoir-faire vis-à-vis du personnel pourtant disponible en interne, parfois placardisé, sans espoir de reprendre la main sur le travail.
- Plus de service commercial depuis quinze ans, ni de responsable RH depuis deux ans (dont seules les tâches administratives ont été affectées à d’autres salariées).
- Dans tous les services (RH, rédactions, marketing…), des salariés doivent faire évoluer/améliorer/enrichir leurs tâches, et ce, le plus souvent sans formation, ni reconnaissance statutaire ou salariale. ■
Des salariés sous pressions permanentes
La masse salariale est le principal levier sur lequel le PDG a agi pour améliorer la situation financière, avec l’aval du conseil d’administration. Résultat :
- les non-remplacements des salariés en arrêt maladie ou de travail de longue durée, en congé maternité ou parental, ou qui quittent l’entreprise pour départ en retraite, démission, rupture conventionnelle ou inaptitude…
- le report du travail des partants sur les salariés restants engendre un rythme quotidien sans précédent compte tenu de l’augmentation de la charge de travail – de nombreuses alertes de salariés en ce sens nécessitant l’intervention du CSE ;
- des droits acquis (RTT, CP…) que les salariés peinent à poser ;
- une baisse sensible du traitement qualitatif des tâches au profit du quantitatif, ce qui entraîne une perte de sens du travail ;
- de nombreux salariés en arrêt maladie de plus d’une semaine, reflet d’une entreprise de plus en plus affectée par les RPS au fil des années (Expertise RPS Cedaet 2021, négligée par l’actuel PDG). ■
Vers une précarisation de l’emploi
Depuis 2019, la direction justifie pleinement le recours à des emplois précaires comme solution alternative aux non-remplacements de salariés ayant quitté l’entreprise.
- Le 24 novembre 2022, lors d’un CSE, le PDG a constaté qu’il y avait bien un accroissement du recours à la pige, tout en s’interrogeant sur la capacité de l’entreprise à produire ses propres publications.
- Depuis 2021, la prise en charge de stagiaires et de contrats de professionnalisation affectés à des services, déjà débordés, ne permet ni de soulager les salariés en place ni d’assurer correctement le suivi des stagiaires.
- Il est à craindre que les tâches des salariés non remplacés continuent d’être attribuées aux salariés restant en poste, ou, pour partie, à des stagiaires.■
LES DROITS DES PIGISTES MALMENÉS
Nombre de pigistes observent une baisse de leur rémunération, alors que le maintien de celle-ci est une obligation légale pour les pigistes réguliers. Certains, comme les photographes, ont par ailleurs subi une baisse unilatérale du montant de leurs piges. D’autres pigistes seraient même éligibles à l’emploi en CDI à temps plein, mais rien n’est fait pour enrayer la précarité.
Un dialogue social entravé
Décembre 2021
Assignation par huissier au domicile de la secrétaire du CSE pour demander l’annulation en justice de la désignation d’un expert en vue de réaliser un droit d’alerte économique.
Avril 2022
Contestation en justice de la déléguée syndicale désignée par l’UL de Montreuil.
Au quotidien
Refus systématique de dialoguer avec le syndicat CGT, singulièrement sur les NAO, qui se sont soldées par 0 % en 2021 et 2022.
Des courriers et échanges du PDG avec les représentants du personnel remettant en cause leur légitimité à agir au nom de la défense des intérêts des salariés ; des documents non transmis au CSE dans le cadre des consultations récurrentes ou aux experts menant le droit d’alerte.
Le PDG utilise, avec un art consommé, toute la panoplie des recettes patronales pour entraver le dialogue social. ■