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Le fléau de la concentration des médias

28 mars 2024

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• Montreuil, le 28 mars 2024


Le rachat par Rodolphe Saadé de BFM et RMC à Xavier Niel n’est pas qu’une simple opération financière entre milliardaires. Pourquoi ? D’abord, Rodolphe Saadé s’inspire de Vincent Bolloré en étendant toujours plus son empire médiatique. Après avoir racheté La Provence, cette fois il s’offre une envergure médiatique nationale. De plus, il est très proche d’Emmanuel Macron. Résultat, le camp présidentiel pourra contrer la propagande d’extrême droite du groupe Bolloré en favorisant les discours libéraux et conservateurs.

À l’instar de Vincent Bolloré, Rodolphe Saadé jure, à qui veut l’entendre, qu’il n’interviendra jamais dans ses médias. Sauf quand il déclare en CSE le 19 mars dernier qu’il « ne réagirait pas bien » et « le ferait savoir » si un scandale concernant son groupe CMA CGM était dévoilé dans un média dont il est actionnaire, rappelant que pour lui, si l’information existe, « il y a manière et manière ». Dans les faits, même une critique de son ami Emmanuel Macron ne passe pas. Dernier exemple en date avec la mise à pied du directeur de la rédaction de La Provence. Son crime ? Une « une » peu élogieuse sur le coup de com’ à Marseille dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. Rétropédalage de la direction quelques jours après en annulant la sanction. Un collectif de sociétés de journalistes, de syndicats dont la Filpac CGT, et d’associations a publié une tribune lundi 25 mars dans Le Monde. « Les journalistes n’ont pas vocation à servir les intérêts personnels, économiques ou politiques des actionnaires de leur média. Ils et elles ne sont pas là pour servir un agenda politique, ou la stratégie de communication du gouvernement. Lorsque leur indépendance est menacée ou bafouée, ce ne sont pas les intérêts d’une corporation qui sont atteints, mais le débat public, et donc l’intérêt général. Si on ne garantit pas aux citoyens et citoyennes l’accès à une information pluraliste, de qualité, alors nous fragilisons la vie démocratique. »

Il est temps que les législateurs fassent leur travail. Une proposition de loi transpartisane sera débattue le 4 avril prochain. Mais comme le relève la tribune publiée dans Le Monde : « Si plusieurs dizaines d’amendements ont déjà été déposés, aucun n’émane du gouvernement, qui brille par son absence d’investissement sur ce texte. Or la proposition de loi, qui entend donner aux journalistes un droit d’agrément sur la nomination du responsable de la rédaction, est un important premier pas vers le renforcement de l’indépendance des rédactions. »

Notre fédération a été solidaire du mouvement de grève des salariés de la rédaction, d’ailleurs le syndicat Filpac CGT du journal a averti l’actionnaire d’une possible entrée en conflit de l’imprimerie si une solution viable n’était pas trouvée. Quand le libre accès à l’information pour les citoyens n’est plus garanti, c’est la démocratie qui vacille.