SGLCE
L’État doit maintenir le pluralisme de l’information
28 mars 2020
Afin d’assurer le pluralisme démocratique et l’information de l’ensemble des Français dans ces moments extrêmement difficiles que traverse le pays, la fabrication, l’impression et la distribution de la presse quotidienne nationale sont assurées par les salariés de la profession depuis la mise en place du confinement. C’est pourquoi la décision de ne plus assurer quotidiennement la distribution du courrier, et donc de la presse écrite, nous stupéfait.
Au-delà de ne plus assurer une mission de service public essentielle pour le pays, cette décision remet en cause la distribution de la presse aux nombreux abonnés et donc la pluralité des idées. À condition d’assurer la protection des salariés en mettant à leur disposition tout le nécessaire sanitaire en lien avec le métier de facteur (masques, gants, gel, etc.), la distribution de la presse écrite à ses abonnés doit pouvoir être maintenue, sans discontinuité.
Le gouvernement, profitant de la mise en place de l’état d’urgence sanitaire, qui lui donne des pouvoirs très élargis, impose aux Français des mesures remettant en cause des pans entiers du droit du travail : semaine de 60 heures, réduction des horaires de repos entre deux journées de travail, autorisation aux employeurs d’imposer les vacances, voire de les annuler. Ce même gouvernement qui vantait il n’y a pas longtemps les « premiers de cordée » s’appuie aujourd’hui sur ceux qu’il matraquait il y a peu (personnels hospitalier, pompiers, caissières, éboueurs…), « les moins que rien » dans sa pensée ou les « sans-dents » pour d’autres, pour que le pays puisse continuer de vivre a minima.
Le gouvernement doit assurer la continuité du service public à travers la distribution du courrier et de la presse écrite.
L’État doit donc tout faire pour assurer le pluralisme démocratique, à travers la libre circulation des idées. Si cette mesure de non-distribution quotidienne de la presse papier devait perdurer, nombre de journaux, déjà en grande difficulté, risqueraient de disparaître, remettant ainsi en cause la démocratie, déjà fortement éreintée par Macron, et occasionnant une casse sociale de grande ampleur, avec des milliers d’emplois menacés dans la presse.
Cette situation démontre, s’il en était besoin, que la liberté d’informer pour les éditeurs de presse passe aussi par leur capacité à pouvoir faire distribuer leurs titres. Dès lors qu’ils n’en maîtrisent pas les outils, ils deviennent dépendants des choix des opérateurs.
Enfin, le patronat, qui, dans des déclarations récentes, a remercié les salariés de notre profession pour la continuité de la fabrication des journaux, ne doit pas profiter de cette période pour amplifier le passage au numérique, mais, au contraire, mettre en œuvre tous les moyens possibles pour développer la presse papier et assurer la maîtrise de sa distribution afin d’informer l’ensemble du pays, malgré les difficultés du moment.
Fait à Paris, le 27 mars 2020