Filpac-Cgt
LETTRE FÉDÉRALE N° 25CONTRE LA RÉFORME DE LA DISTRIBUTION DE LA PRESSEMettons fin à ce projet liberticide et antidémocratique !
3 juillet 2019
Le gouvernement du président Macron et sa majorité parlementaire ont décidé d’en finir une fois pour toutes avec la liberté de la presse, issue des lois progressistes qui se sont succédé tout au long de notre histoire, dont la loi Bichet.
Le projet de loi relatif à la modernisation de la distribution de la presse appelé à être présenté devant le Parlement est un projet liberticide et antidémocratique !
Il ne s’agit pas d’une énième réforme que nous propose la « dictature en marche » mais bien la destruction de cette loi emblématique qui permet encore aujourd’hui le pluralisme des idées, des arts et de la culture, ainsi qu’une diffusion large de la pensée républicaine et démocratique sur l’ensemble du territoire national.
Cette réforme réactionnaire cherche en fait à redéfinir « l’agora » que constitue notre système de distribution de la presse mis en place à la Libération, pour en faire un vil outil de propagande, dépendant d’un ministère de la Véritéque Georges Orwell avait déjà anticipé. Après l’instauration d’un ministère de la Paix dans le mondequi organise les conflits en Afrique et au Moyen-Orient pour les Total, Bolloré et autres multinationales avides des biens d’autrui, les marcheurs sont en train de nous fermer l’accès au savoir et à l’information…
En Marche vers 1984 !
En réduisant comme peau de chagrin l’offre éditoriale et la liberté de diffusion, les quelques propriétaires milliardaires, seuls bénéficiaires des aides publiques (l’argent des citoyens) vont ainsi pouvoir contrôler l’information et mettre la presse, sous toutes ses formes, à leur service. Et ce n’est pas la future Autorité de régulation de la distribution de la presse (ARCEP), chargée de sélectionner les « heureux élus » à la diffusion subventionnée, qui leur mettra des bâtons dans les roues, bien au contraire !
En ayant le pouvoir – ce pouvoir lui ayant été conféré par l’État – de décider quels quotidiens ou magazines pourront être considérés comme titres de Presse d’information politique et générale (IPG), l’ARCEP facilitera encore les gros éditeurs, déjà bénéficiaires des aides à la presse les plus conséquentes, et fermera la porte aux titres les plus fragiles ou aux titres en dehors de la ligne gouvernementale en leur faisant payer le prix fort pour leur diffusion.
Quid de la culture et des arts, des titres éducatifs et de loisir, des journaux satiriques et de toutes les autres formes de presse qui existent aujourd’hui ? Devront-ils être sacrifiés sur l’autel du libéralisme économique et de la pensée unique ? Qui sera gagnant de la disparition de plusieurs milliers de titres et de l’appauvrissement de la presse en France ? Pas les citoyens en tout cas !
Forte de ces arguments (ci-joint la note sur le sujet présentée au Sénat en juin dernier), la Filpac a pu facilement démontrer la portée liberticide de cette contre-réforme au rapporteur du Parlement, le député Laurent Garcia, chargé d’instruire ce projet de loi devant l’Hémicycle.
Face aux critiques étayées de notre organisation syndicale sur tous les aspects négatifs de ce projet de loi, l’élu nancéen du Modem ne nous a répondu que par des lieux communs qui pourraient se résumer à : « Le système actuel est trop coûteux pour notre République » et « ce projet répond aux revendications des kiosquiers ».
C’est un peu court…
Non, les kiosquiers ne souhaitent pas distribuer 200 titres appartenant à 5 milliardaires. Ils veulent tout simplement qu’on leur donne les moyens de vivre décemment de leur travail et qu’on prenne en compte la pénibilité de leur métier ! Et ce ne sera sûrement pas en mettant notre liberté de la presse dans les mains de commerçants, que nous sauverons notre démocratie !
Il est par contre évident que ce choix de déréguler le système de la distribution de la presse n’est fait que pour satisfaire les gros éditeurs, les banquiers, les industriels et les milliardaires, tous amis du pouvoir et gros promoteurs de campagnes électorales.
Un choix s’impose à nous, citoyens, soit nous battre pour protéger ce bien commun en mobilisant toutes les forces sociales et politiques progressistes afin de garder notre droit d’opinion culturelle et intellectuelle, gage de notre émancipation, soit perdre notre liberté d’expression et de penser en acceptant de nous diriger, en marche et au pas de l’oie, vers l’obscurantisme d’un régime totalitaire.
La fédération a fait son choix !
Elle prendra toutes les dispositions pour que le rassemblement de toutes les forces sociales et politiques progressistes conscientes des enjeux sur cette question puisse se réaliser en prenant appui sur ses syndicats les plus concernés socialement, ceux de la profession.
La Filpac-Cgt appelle toutes celles et ceux qui veulent lutter pour sauvegarder nos libertés fondamentales et pour donner un avenir rempli d’espoir à nos enfants, à se rassembler pour la défense de la loi Bichet et de notre système de distribution de l’information et des idées !