Filpac-Cgt

Lutte des Arjos :
Témoignages en images des principaux acteurs
de ce combat syndical exemplaire.

18 janvier 2019

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Papeterie ArjoWiggins Wizernes 
Victoire pour l’emploi après 1615 jours de résistance !

“CEUX QUI LUTTENT NE SONT PAS SÛRS DE GAGNER MAIS CEUX QUI NE LUTTENT PAS ONT DÉJÀ PERDU”


 

 Le 10 avril 2014, le groupe Sequana / ArjoWiggins annonçait aux salariés son plan de restructuration supprimant plus de1000 emplois dans le groupe. Les 320 emplois de la papèterie de Wizernes, les 180 emplois du site de Charavinne, et les quelques 500 emplois aux USA étaient réunis dans ce plan maléfique. S’en suivra la tentative échouée à ce jour de la fermeture d’une autre papeterie, celle de Crèvecœur !

Ce plan de licenciement massif a été négocié et tenu secret pendant de longs mois entre le groupe Sequana, les banques et l’État Français via la BPI France (actionnaire référent du groupe).

Ce plan destructeur d’emplois prévoyait la fermeture des papèteries si celles-ci ne trouvaient pas repreneur. Or, la direction imposait aux éventuels candidats à la reprise une clause de non-concurrence extrêmement restrictive. Cette restriction condamnait de fait notre papèterie à une friche industrielle.

Le syndicat CGT Arjo et les salariés ont très vite compris que le but du groupe était d’arrêter définitivement la papèterie de Wizernes, comme les autres unités du groupe, dans le cadre d’une entente mondiale des géants de l’industrie papetière.

Les autres groupes papetiers avaient déjà fermé des capacités de production (International Paper Maresquel, Stora Enso Corbehem, UPM Kyméné Docelles et Stracel, …).

La stratégie de Sequana (maison mère d’ArjoWiggins) est d’abandonnée la production du papier pour recentrer son activité sur la distribution du papier des autres groupes.

Le cartel des papetiers mondiaux s’est organisé pour se répartir la planète papier afin de maximiser leurs profits en renchérissant le prix du papier au détriment de l’emploi et des clients, dont les imprimeurs.

Dès l’annonce du 10 avril 2014, les salariés du site de Wizernes, avec leur syndicat CGT, décident de préserver leur outil de travail et d’entamer une longue série d’initiatives pour faire adhérer la population à cette lutte pour l’emploi dans la vallée de l’Aa.

Parmi ces initiatives :

  • Le marathon des salariés afin d’engager les élus du peuple à préempter le site de Wizernes.

En 2013, la préemption avait été brandie par les élus du département de l’Eure (sous l’impulsion du maire d’Alizay) pour sauver la papèterie M-Real.

Ce levier avait été aussi utilisé pour la reprise de l’usine de Fralib à Géménos (13). Si cet outil législatif avait été utilisé, il est certain que l’occupation de notre papèterie n’aurait pas duré aussi longtemps et que celle-ci aurait pu redémarrer bien plus tôt.

Au total, 375 maires, conseillers Généraux et Régionaux ont finalement signé cet engagement.

  • Les deux portes ouvertes de la papèterie :
    • Celle du 24 avril 2014, à laquelle 4000 personnes ont découvert l’outil performant en activité.
    • Et celle du 21 mai 2016, pour montrer que l’usine est toujours en état grâce à la surveillance des militants de la CGT bien que l’usine était arrêtée depuis un an.
  • Les réunions au Ministère de l’Economie afin de faire prendre conscience à toutes et tous, qu’il ne fallait pas succomber aux arguments malhonnêtes des dirigeants du groupe Sequana qui tentaient de justifier la fermeture définitive de l’usine.
  • Les manifestations dans les instances du groupe ArjoWiggins, devant la Banque Publique d’Investissement (BPI France), dans la vallée de l’Aa,….

L’arrêt de l’usine de Wizernes

Le 15 juin 2015, la production s’arrête définitivement pour le compte du groupe.

Le 16 juin 2015, les salariés décident d’occuper jours et nuits (365 jours sur 365) leur usine suite à l’annonce de la direction de récupérer l’outil informatique. Cette occupation durera jusqu’à la signature de la reprise. L’occupation par des militants déterminés a empêché d’autres tentatives de démantèlement.

La Préfecture et la Sous-Préfecture n’ont jamais procédé à l’expulsion des militants qui protégeaient leur usine de toutes dégradations malgré les nombreux recours de la direction auprès des tribunaux et des services de l’état.

Une expulsion des salariés qui protègent leur outil de production pour l’intérêt de l’économie et l’emploi sur le territoire n’aurait sans doute pas été populaire !

Il a fallu une organisation et une détermination sans faille, pour résister à un groupe qui n’a eu qu’une seule obsession « empêcher tout redémarrage de notre outil industriel ».

Aujourd’hui, cette lutte des « Arjo » pour l’emploi qui faisait très régulièrement la une des médias locaux et parfois nationaux arrive enfin à son terme !

La papèterie de l’Aa repart dans une nouvelle aventure industrielle.

En 1981, la papeterie avait déjà failli fermer ses portes suite à un dépôt de bilan. L’usine a été reprise par le Groupe Arjomari-Prioux qui avait investi dans une nouvelle machine à papier, permettant ainsi de lui redonner un nouveau souffle.

Le 11 septembre 2018, la nouvelle société WIZPAPER (détenue par la famille Bréban) relance une nouvelle fois l’activité papetière de Wizernes après la démission du groupe Sequana.

Ce site papetier de 184 ans repart donc dans une nouvelle aventure industrielle.

Des générations de travailleurs papetiers ont fait de cette papèterie un fleuron de la vallée de l’Aa. Cette fierté de travailler dans cette usine a forgé des travailleurs prêts à se battre pour préserver leur outil de travail !

Cette victoire est le fruit de la résistance des militants du syndicat CGT ArjoWiggins Wizernes. Mais pas seulement !C’est aussi grâce aux soutiens de toutes les structures de la CGT, le COSEA (Comité de Soutien aux Ex-Arjo), de la population, des élus, des politiques, des journalistes locaux, des repreneurs, et surtout aux familles des acteurs de ce combat que la victoire a été rendue possible.