
Filpac CGT
OUI-PUB, Une expérimentation qui coûte cher !
25 avril 2025
• Montreuil, le 25 avril 2025
Déclaration de la direction fédérale de la Filpac CGT sur une expérimentation socialement désastreuse et écologiquement douteuse
Depuis le 1er septembre 2022, une expérimentation baptisée « OUI-PUB » est menée dans 14 territoires pilotes et prendra fin le 30 avril 2025. Ce dispositif, présenté comme un levier écologique dans le cadre de la loi Climat et Résilience, proposait une inversion du principe de distribution des imprimés publicitaires : seuls les foyers affichant l’autocollant « OUI-PUB » continuaient de recevoir ces documents non adressés. Derrière cette façade verte, la Filpac CGT dénonce un bilan social catastrophique et une utilisation opportuniste et malhonnête de l’enjeu écologique visant à détruire cette branche professionnelle sans avoir à en assumer les conséquences sociales.
Une casse sociale massive et silencieuse, ignorée volontairement des décideurs et des pouvoirs publics !
Dès les premières semaines, les effets sur l’emploi ont été dramatiques. Cette mesure a entraîné une saignée brutale dans le secteur de la distribution avec la suppression de plus de 10 000 emplois chez MILEE (ex-Adrexo), sans solution de reclassement pour les salarié·es, souvent à temps partiel, précaires et invisibilisé·es. Le transfert partiel d’activité de Mediapost vers sa maison mère La Poste a, en parallèle, provoqué une dégradation importante des conditions de travail, avec surcharge de tâches, désorganisation croissante du service et pressions accrues sur les personnels.
Une efficacité environnementale discutable…
Alors que le dispositif « STOP-PUB », en vigueur depuis 2004, permettait déjà aux citoyens de refuser la publicité dans leur boite à lettres, le « OUI-PUB » n’a pas démontré d’efficacité supérieure. L’ADEME elle-même reste prudente et avoue, dans un rapport publié récemment, que les résultats sont « nuancés » et qu’aucune « conclusion ferme ne peut être tirée sur l’impact écologique réel du dispositif. » Ce rapport ajoute que cette expérimentation s’est déroulée dans un contexte général de transition déjà en cours, et que la baisse des tonnages papier n’est pas exclusivement liée à l’expérimentation.
Un dispositif imposé sans dialogue, ni anticipation – et sans justice sociale !
Ce dispositif a été lancé sans aucune concertation avec les organisations syndicales du secteur. Les alertes de la Filpac CGT sur les conséquences humaines, économiques et sociales ont toujours été niées, ignorées ou minimisées. Aujourd’hui, la précarité des anciens distributeurs s’est aggravée, et nombre d’entre eux ont été abandonnés sans solution, ni accompagnement.
Une décision gouvernementale qui valide l’échec… sans réparer les dégâts
Le 10 avril 2025, Brice Huet, Commissaire général au développement durable, a acté dans une note officielle la fin de l’expérimentation au 30 avril 2025. Il confirme que le dispositif ne sera pas généralisé, qu’aucune proposition de loi ne sera portée en ce sens, et que le système « STOP-PUB » redevient applicable à compter du 1er mai 2025 sur l’ensemble du territoire, y compris dans les territoires pilotes. Ce retour en arrière, tout en reconnaissant implicitement l’échec de l’expérimentation, ne s’accompagne pourtant d’aucune mesure sociale de réparation ni de reconnaissance du préjudice subi.
La transition écologique ne peut se faire sans justice sociale !
La Filpac CGT dénonce la mise en place de ce dispositif, imposé sans concertation, qui a aggravé la précarité d’une une filière entière et brisé des parcours de vie de milliers de personnes sans bénéfice environnemental démontré.
L’écologie ne peut servir de prétexte à une politique de casse sociale.
La Filpac CGT exige :
• l’abandon définitif de tout projet de retour du «OUI-PUB» sous quelque forme que ce soit ;
• la reconnaissance officielle du préjudice social subi par les salarié·es de la filière ;
• la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour la reconversion et la protection des travailleuses
et des travailleurs de la distribution directe impacté×es ;
• l’ouverture d’un véritable dialogue avec les organisations syndicales pour bâtir des solutions écologiques durables et humaines.
Remettre le social au cœur de l’écologie !
La transition écologique ne peut être un prétexte pour justifier des politiques antisociales. Il est urgent de remettre le social et l’humain au coeur des décisions publiques.
La Filpac CGT demande à être reçue dans les plus brefs délais par les ministères de la Transition écologique, de l’Industrie, et de l’Économie et des Finances.
Car cette transition écologique ne peut se faire sans les travailleurs, ni contre eux. •