Pour les EGI, une urgence retardée

25 septembre 2024

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Les conclusions des États généraux de l’information sont loin de répondre aux attentes de la Filpac-CGT. Quelques petites mesures cosmétiques, et le reste ne règle absolument pas les problèmes du secteur. Pourtant, les défis ne manquent pas : redonner confiance aux citoyens dans l’information, endiguer l’érosion des ventes de journaux papier, contrer le pillage du contenu par les GAFAM, la concentration excessive des médias, la paupérisation des salariés de la presse, la perte de sens du métier, les fermetures des centres d’impression, une distribution chaotique, et des journalistes muselés par le secret-défense ou des affaires. Sans oublier, bien sûr, le secret des sources, régulièrement bafoué par la justice et les autorités… Pendant onze mois, cinq groupes de travail ont cogité pour offrir des pistes de réflexion et d’action au législateur comme au ministère de la Culture.

Près de deux cents propositions ont vu le jour, mais le comité de pilotage des EGI n’en a retenu que quinze à envoyer sur le bureau d’Emmanuel Macron ! Même si la Filpac-CGT n’attendait pas de miracles de ces États généraux, nous avions quand même soumis des propositions pour répondre à ces problématiques qui mettent à mal notre démocratie.

 

“Pas un mot sur l’avenir du papier”

 

Le comité de pilotage a reconnu la paupérisation des professions de l’information. Mais, le jeudi 12 septembre, lors de la restitution des travaux, il a déclaré en substance : « La situation s’améliorera si les entreprises de presse se portent mieux. » La fameuse théorie du ruissellement refait surface… mais sans grande surprise, elle ne fonctionne toujours pas. D’autant que le comité de pilotage survole à peine la question du financement, se contentant de pointer du doigt les GAFAM. On est sûr que depuis cette annonce, Facebook et Google ne dorment que d’un œil inquiet !

Et l’avenir du papier, alors ? Pas un mot. Même chose pour l’impression et la distribution. Quant à la concentration des médias, le comité se contente de copier l’exemple allemand avec une formule obscure censée évaluer un taux de concentration. D’ailleurs, si cette formule était appliquée en France, elle validerait sans problème l’appétit démesuré de Bolloré, Saadé, ou encore Niel…

 

« Droit de parler dans le vide »

 

Après l’exemple du rachat du JDD, beaucoup de journalistes espéraient l’instauration d’un droit d’agrément pour valider, ou non, l’arrivée d’un directeur désigné uniquement par le propriétaire. Mais là encore, le comité a balayé cette idée, préférant proposer que l’actionnaire prenne en compte les observations de la rédaction. Autrement dit : « Droit de parler dans le vide. »

Ce qui pourrait ressembler à une avancée risque en réalité de se transformer en piège. Le représentant de la société des journalistes pourrait se voir accorder le statut de salarié protégé. Est-ce un moyen de vraiment mieux défendre les salariés ou de contourner le dialogue avec les syndicats ?

Autre idée : renforcer l’éducation aux médias. Mais aucune précision sur le budget, les modalités… Bref, une belle intention qui, à ce rythme, restera probablement lettre morte.

 

« État généreux de l’information »

 

Seule bonne nouvelle : les patrons de presse n’ont pas obtenu la suppression de la clause de conscience ni celle de cession. Eux qui espéraient que les EGI rimeraient avec « État généreux de l’information »… Peut-être que cette déconvenue leur donnera à réfléchir avant les futures réunions de préfiguration de la Commission paritaire permanente nationale d’interprétation (CPPNI) de la convention collective. Le processus est à l’arrêt cette année parce que les représentants patronaux semblent encore confondre négociation et monologue social.

En attendant de connaître le nom du futur ministre de la Culture, la Filpac-CGT a déjà rédigé son courrier pour présenter des propositions sérieuses afin de garantir aux citoyens un accès à une information indépendante et de qualité. On pourrait même ajouter des images pour faciliter la compréhension.