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PRESSTALIS 2018 : année cruciale pour la liberté de la presse et le pluralisme des idées
12 janvier 2018
D’après la Correspondance de la Presse du 12 janvier 2018, c’est cette semaine que devrait se jouer l’avenir de « Presstalis et, au-delà, de la filière ».
Alors que le rapport Rameix ne sera apparemment pas rendu public, que la mission confiée à Marc Schwartz restera secrète et que les orientations retenues par Michèle Benbunan, nouvelle présidente-directrice générale de Presstalis, ne sont toujours pas dévoilées, l’avenir des anciennes Nouvelles Messageries de la Presse Parisiennes (NMPP) et de la Loi Bichet, qui régit la distribution de la Presse en France depuis la Libération, semble scellé.
En effet, à la lecture de cet article et des autres articles ou commentaires présents ces derniers jours dans un certain nombre de médias, c’est bien tout le système de la diffusion de toutes les formes de presse qui devrait faire les frais de la gestion désastreuse, par les éditeurs, de la messagerie de presse historique.
Apparemment, le sauvetage de Presstalis serait conditionné, soit à la vente des SAD et des dépôts SOPROCOM à Géodis, transporteur appartenant au pôle SNCF, soit à leur cession à des dépositaires soi-disant indépendants avec l’aide ( ?) des Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) et la complicité de la Banque publique d’investissement (BPI) et de la presse quotidienne et hebdomadaire régionale.
Bien sûr et comme habituellement, la direction de Presstalis s’appuierait sur un plan social d’envergure, payé en partie par l’Etat – via les aides à la Presse – en partie par les éditeurs, pour accompagner cette nouvelle restructuration qui devrait permettre de faire partir les dernières compétences encore présentes dans l’entreprise. Ainsi, si les pertes structurelles ne viennent pas à bout du système coopératif de distribution, le gaspillage des compétences humaines s’en chargera…
Mais le plus alarmant dans cet article c’est « le souhait de la ministre de la Culture » qui demande, dans le cadre des missions confiées à Gérard Rameix et Marc Schwartz, « d’approfondir certaines pistes, et en particulier celles des évolutions souhaitables de la loi du 2 avril 1947, dit loi Bichet. »
En clair, la tentation est grande, pour les marcheurs, de réaliser le rêve de Sarkosy en faisant sauter ce dernier verrou de la protection de la presse d’information. Après que Sarkosy ait encouragé, lors des états généraux de la presse en 2007, le développement des grands groupes de presse et la concentration des titres, cette libéralisation de leur diffusion par Macron va enfin permettre de réduire considérablement l’offre et la pluralité éditoriale en avantageant outrageusement les publications des milliardaires, des banques et des lobbies de toutes sortes.
En s’attaquant de front au peu d’espace libre existant encore dans l’audiovisuel, à la liberté anarchique de la toile par le biais de la lutte contre les fake news et au pluralisme de la presse dû à la péréquation des couts de la distribution, Macron cherche en fait à museler totalement la liberté d’expression afin d’asseoir plus fortement le discours convenu des nouveaux chiens de garde que sont les journalistes et les soi-disant experts adoubés par le pouvoir.
Quand on aura perdu notre liberté d’expression, elle commencera peut-être à nous manquer…
Montreuil, le 12 janvier 2018