Pôle économique de la CGT
Sortez vos calculettes !
7 juin 2018
Lettre Économique N° 27
SOMMAIRE :
Actu éco et sociale
– Comprendre les enjeux de la « réforme »de la SNCF /p.2
– CAC 40 : des bénéfices en hausse /p.2
– Suppression du « forfait social » sur l’épargne salariale /p.3
– Le rapport Charpy menace l’autonomie des finances sociales /p.4
– Le « ticket carburant » ou le « tabou »de la hausse des salaires /p.5
– Voilà une autre raison pour défendre les services publics /p.7
Europe-international
– Réforme de l’impôt sur les sociétés : in Trump they trust ! /p.8
Au service des organisations
– Stratégies d’entreprises
et critères de gestion /p.10
À lire
– L’insoutenable productivité /p12
ÉDITO
Sortez vos calculettes !
Grâce au rapport de force impulsé par la CGT, avec la mobilisation #8mars15h40 et l’unités syndicale, le gouvernement a dû annoncer la mise en place de sanctions pour toutes les entreprises qui n’auront pas supprimé l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes d’ici trois ans. Des concertations sont en cours pour en déterminer les modalités. Et c’est là que le bât blesse. Que sanctionne-t-on ? Les écarts « injustifiés » ou les écarts « inexpliqués » ?
L’écart moyen de rémunération s’explique essentiellement par quatre variables structurelles : le temps partiel, l’inégal déroulement de carrière, la moindre rémunération des métiers dans lesquels les femmes sont concentrées et la part variable de la rémunération. C’est aussi ce qui explique la forte présence des inégalités dans la fonction publique.
Si on neutralise ces quatre variables et que l’on compare « toutes choses égales par ailleurs », les26 % d’écart global s’effondrent. Parfois même, des femmes sont mieux payées que les hommes quand elles sont plus qualifiées… Si on se limite aux « inégalités inexpliquées », il ne restera donc plus grand-chose à sanctionner…Il faut gagner un dispositif contraignant pour rendre visibles et faire reculer ces inégalités structurelles.
L’unité impulsée par la CGT permet que les organisations syndicales portent de façon unitaire des propositions. Nous proposons la mise en place d’un outil national de mesure des inégalités, permettant de rendre public dans chaque entreprise, l’écart salarial global et les principaux facteurs le structurant. La négociation obligatoire sur l’égalité professionnelle aurait ensuite pour objectif de prendre des mesures pour y mettre fin, et l’inspection du travail pour mission de vérifier que les mesures prises sont bien à la hauteur, avec des sanctions le cas échéant. Nous proposons également l’adoption d’un nouvel indicateur permettant de rendre visibles les inégalités de carrières.
Enfin, le logiciel doit permettre dans chaque entreprise d’avoir un « écart net » de rémunération F/H, en équivalent temps plein, dans chaque catégorie socioprofessionnelle, avec pour obligation de le supprimer sous trois ans.
Un tel dispositif permettrait d’imposer la transparence et des critères collectifs de rémunération, là où l’opacité et l’arbitraire patronal prévalent de plus en plus. La preuve que l’égalité femmes/hommes est un levier pour faire progresser la situation de toutes et tous !
Sophie Binet,
Membre de la CEC
Cosecrétaire générale de l’Ugict