
Filpac CGT
Tetra Pak, les honneurs de la honte
4 juillet 2025
• Dijon, le 3 juillet 2025
Le Financial Times, référence officielle du néolibéralisme pour les nuls, vient de sacrer Tetra Pak comme l’un des meilleurs employeurs d’Europe. Oui, vous avez bien lu ! Voilà donc le nouveau modèle : jeter plus de 200 salariés de Longvic dans la précarité la plus crasse, comme on se débarrasse de vieux outils rouillés, est désormais un acte de vertu patronale.
Mais il est vrai que Tetra Pak n’en est pas à son premier coup d’éclat. Champion des montages fiscaux les plus farfelus pour fuir l’impôt et se défausser de ses responsabilités, le groupe trace sa route sur le dos des travailleurs avec la même élégance qu’un char d’assaut dans un champ de blé. Et pour couronner ce cynisme bien huilé, Adolfo Orive, PDG de cette entreprise modèle, sert une soupe indigeste d’autosatisfaction : « Chez Tetra Pak, nous voulons que tous nos collègues réalisent leur potentiel (…). Cette reconnaissance du Financial Times et de Statista reflète notre engagement à responsabiliser nos collaborateurs, à investir dans leur développement et à créer un environnement innovant où ils peuvent s’épanouir et avoir une influence positive. »
Ah bon ? Et que signifie donc ce « développement » ? Le développement des inscriptions à France Travail ? Le développement des découverts bancaires ?
Le développement des angoisses existentielles au moment d’ouvrir la boîte aux lettres ou de remplir le frigo ? Pour Orive, sans doute, la misère a des vertus pédagogiques : elle apprend à « s’épanouir » dans l’humiliation et à « avoir une influence positive » en silence. À la Filpac CGT, nous appelons cela piétiner la dignité.
Cette reconnaissance du Faussoyeur Magazine, pardon, du Financial Times, n’est qu’une insulte de plus au visage de celles et ceux qui, à Longvic, n’ont reçu que mépris, brutalité et abandon. Rien ne leur aura été épargné : ni les promesses trahies, ni les basses manœuvres, ni ce crachat final d’un prix reçu sur le dos de leurs souffrances. Pendant des années, ces travailleurs ont offert leur savoir-faire, leur énergie, leur loyauté. Pour quel retour ? Des insultes, des larmes et du silence.
Mais rassurez-vous : les vautours qui pilotent cette entreprise n’ont rien à craindre. Ils auront leur médaille, leur bonus, leur interview dans la presse économique, pendant que ceux qu’ils ont saignés à blanc peineront à boucler la fin de mois. Non, décidément, ces gens-là ne méritent pas les honneurs :
ils méritent la honte, et rien d’autre.
La Filpac CGT refuse de laisser circuler ces mensonges sans les contester. Non, Tetra Pak n’est pas un modèle d’humanisme. Leur seule ambition n’est pas de faire grandir les salariés, mais de les broyer avec le sourire, de les déshumaniser méthodiquement, pour mieux les jeter une fois leur tâche accomplie. •