Un de moins !

Une minute de soleil en plus

8 janvier 2025

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• Montreuil, le 8 janvier 2025


Parfois, l’actualité offre une bouffée d’air frais. La mort de Jean-Marie Le Pen, par exemple. À peine l’annonce faite que les nuages se dissipent, laissant le soleil éclater. C’est fou comme un facho en moins allège l’atmosphère. Certes, il s’est reproduit, et ses rejetons – qu’ils s’appellent Le Pen ou Bardella – continuent à perpétuer l’odeur rance de ses idées. Mais, enfin, la vie lui a rendu justice. Il aura tenu bon, le vieux, jusqu’à 96 balais. Qui aurait cru que la gégène algérienne avait des vertus conservatrices ?

« Un raciste et antisémite notoire »
Pourtant, même refroidi, il nous empoisonne encore. Les hommages affluent, aussi écœurants qu’inutiles. À droite, on s’empresse de saluer le « combattant ». Bruno Retailleau y va de son éloge : « Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de Jean-Marie Le Pen, il aura incontestablement marqué son époque. » François Bayrou renchérit : « Il aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était. » Heureusement, Manon Aubry de LFI remet les pendules à l’heure : « Le respect pour les défunts ne doit pas conduire à la cécité sur son parcours. Jean-Marie Le Pen était un raciste et antisémite notoire, adorateur de Pétain et un tortionnaire en Algérie. »

Oublier, c’est lui donner raison
Vieillir et mourir ne suffisent pas à blanchir une vie de saloperies. On ne passe pas de tortionnaire à « figure respectable » par la grâce d’une épitaphe. Pas quand on a passé sa vie à réécrire l’histoire : celle de la Seconde Guerre mondiale, de la Shoah, de l’Algérie, ou même de la Ve République. Pas quand on a fait profession de falsifier tout, jusqu’à son propre récit familial. La mort de cet homme à la mémoire sélective ne doit en aucun cas occulter ses « dérapages » – un mot bien trop complaisant pour qualifier son racisme et son antisémitisme assumés. Oublier, c’est lui donner raison.

L’histoire, parfois, a le sens du clin d’œil, même quand il s’agit d’un borgne. Le Pen est mort le jour des dix ans de l’attentat contre Charlie Hebdo. Une rédaction qui lui a consacré bien plus de unes qu’à Mahomet, Jésus, et compagnie. Charlie n’a jamais oublié les racines antisémites et racistes de l’extrême droite, et ses caricatures n’ont cessé de rappeler que Marine reste la fille de son père : même nom, mêmes idées, même programme.

Sa mort ne change rien. Le combat contre son héritage et ses héritiers, lui, continue.